Baby-boomer
Woke
" Si vous ne connaissez pas ce mot, consolez-vous en apprenant que vous faites partie de l'énorme majorité (86% en décembre dernier) qui n'en ont jamais entendu parler et dont j'étais encore il y a quelque temps.
Alors, pourquoi introduire un mot si peu connu dans cet abécédaire, qui plus est un mot anglais?
D'abord pour faire partager ma tentative de compréhension. Tentative car woke n'a pas de signification officielle et donne lieu à des interprétations. Tentative car le wokisme, autre vilain mot, n'est pas issu d'un grand prêtre ou d'un philosophe à son origine. Le wokisme n'a ni traité, ni charte, seulement des zélateurs – qui écrivent peu - et des pourfendeurs.
Qu'est-ce que le “wokisme” et pourquoi fait-il polémique?, BFMTV, 25 10 2021, texte
« Du bon et du moins dans le wokisme », Ouest-France, 16 4 2021, texte et illustrations
Le mot woke ne renseigne pas sur le domaine traité mais seulement sur le comportement prôné consistant à rester vigilant, en éveil («to be awake»), sensible aux injustices de ce monde.
Il trouve son origine dans la révolte des Noirs aux États-Unis mais s'étend aujourd'hui à tous les domaines ou l'identité peut conduire à de l'ostracisme.
Qui ne voudrait pas adhérer à un tel mouvement philanthropique?
D'autant que le fait de s'en revendiquer peut conférer à ses adeptes le sentiment d'être plus sensibles que les autres, ceux qui seraient assoupis, engourdis («asleep»)., d'avoir en quelque sorte «le monopole du coeur».
De cela naissent sans doute les dérives qui conduisent à magnifier les identités victimes de discriminations jusqu'à parfois adopter une attitude hostile, voire violente, à l'égard de ceux appartenant aux identités considérées en bloc comme opprimantes (les Blancs, les hommes …).
Culture woke : un péril civilisationnel, La Tribune, 6 1 2022
Cherchant un mot français plus explicite que wokisme, identitarisme m'a semblé le plus proche, identitarisme au sens d'idéologie basée sur la notion d'identité et considérant que les vivants dans leur diversité sont d'abord caractérisés par les différences que leur confèrent ces identités. Sectarisme était aussi un candidat possible mais à ces deux mots étant attachées des significations différentes et des connotations péjoratives, j'ai préféré conserver le flou mystérieux de woke et j'ai choisi une approche s'éloignant des théories pour la remplacer par un recensement des faits précis de wokisme rapportés par la presse et par les intellectuels dont j'ai consulté les ouvrages afin de pouvoir juger dans quelle mesure l'objectif philanthropique avancé par le mot est aujourd'hui atteint
Peut-on remplacer «woke» et «wokisme»?, le devoir, 2 10 2021, texte
Le titre que j'ai attribué à cette étape en mai 2022 «pavé de bonnes intentions» renseigne déjà sur la conclusion à laquelle je suis parvenu.
Que le wokisme n'apporte pas de solution miraculeuse aux injustices diverses (racisme, égalité hommes-femmes, …), ne doit pas conduire à ignorer ou à minimiser le terreau sur lequel naît l'attente d'améliorations. J'ai donc recensé dans une étape les grandes catégories de discriminations négatives. J'ai situé cette étape en 1955 non pas parce que celles-ci auraient depuis lors disparu mais parce que les cas précis y sont souvent plus flagrants (moins masqués) et que la persistance de la colonisation est alors encore source de frontières identitaires. "
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Pour préparer cette chronique, j'ai consulté les ouvrages suivants :
En finir avec les violences sexuelles et sexistes, Caroline De Haas , Robert Laffont 2021
La génération «woke», Frantz-Olivier Giesbert, Le Point 2584 du 17 2 2022
OK Millenials, Brice Couturier, Editions de l'Observatoire 2021
Le triomphe des impostures intellectuelles, Helen Pluckrose et James Lindsay, H & O 2021
Génération offensée, Caroline Fourest, Grasset 2020
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
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