Jouet

"Dans le « que sais-je ? » qu'il a consacré aux jouets, François Theimer écrit : « L'histoire du jouet se mêle à celle de l'art, des sciences, des techniques, de la politique, de l'économie, des traditions dans lequel il évolue ». J'adhère pleinement à cette assertion que j'illustrerai de mon souvenir d'enfant.

Mes premières lectures de bandes dessinées m'ont conduites à accompagner Bibi Fricotin (une sorte de Tintin français aujourd'hui oublié) dans ses aventures. Cette publication connaissait après guerre un regain d'intérêt . Dans les années cinquante, il se publiait jusqu'à trois albums par an, mettant aux prises le jeune héros avec des kidnappeurs, des Martiens, des Indiens, des Incas …

Bibi Fricotin avait pour compagnon un gamin noir. Hélas, celui-ci était affublé du nom ridicule de Razibus Zouzou. Riboulant des yeux, sa bouche démesurément lippue le faisait assimiler au porte-parole de l'affiche d'une firme de chocolats en poudre usant de la sobre formule « y'a bon ». A cette époque ou les « non-blancs » étaient perçus par le plus grand nombre comme les indigènes de nos colonies, cela ne choquait personne.

Sur la page de couverture de l'album « Bibi Fricotin roi du scooter » publié en 1955, Bibi et Razibus (sur le siège arrière) s'envolent littéralement vers de nouvelles aventures, une voile venant en renfort du moteur deux temps.

Le scooter est étroitement associé à cette période car, comme les autres types de deux roues à moteurs, il constitue pour les adultes une alternative à la voiture que l'on ne peut encore acquérir et pour les enfants le rêve d'une motorisation de leurs vélos, patinettes et autres cyclorameurs. Aujourd'hui, pourrait-on faire rêver un bambin en juchant son héros sur un scooter ?

Autre différence de taille : Bibi Fricotin ne donnait pas lieu à des produits dérivés (figurines, jeux issus de ses aventures, chansons à sa gloire …) et n'était dérivé de rien du tout si ce n'est de l'imagination de ses auteurs."

"J'utiliserai – abondamment – mes souvenirs d'enfance pour constituer cette chronique, souvenirs que je confronterai , à deux fois trente ans de distance, à ceux liés aux jouets de mes enfants et à la situation présente pour ceux de mes petits-enfants."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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