Tacot

"Deux acceptions sont attribuées par le portail lexical du CNRS (CNTL) au mot tacot avec le qualificatif de familier :

  • locomotive ou train départemental circulant sur une voie étroite, train roulant lentement et souvent bruyamment en raison des voies qu'il emprunte et du mauvais état général de la machine;

  • voiture démodée en mauvais état qui fait du bruit et n'avance pas.

Les extraits de textes d'auteurs fournis en illustration datent de 1905 à 1941 et, de fait, le terme de tacot ne me semble plus guère utilisé aujourd'hui.

Tacot avec deux wagons

On s'intéressera ici à la version train du tacot mais examinons d'abord brièvement pourquoi ce terme n'est plus guère appliqué aux automobiles.

Au début des années cinquante, il y avait encore une forte proportion de modèles d'avant-guerre, particulièrement dans les campagnes. Or la différence était marquée entre par exemple une Citroën Trèfle dite cul de poule, laquelle ne dépassait pas 60km/heure, et une Simca 9 Aronde, conduite intérieure atteignant les 117 km/heure produite en 1951, soit 25 ans après la première. Par comparaison, la différence tant esthétique que d'usage entre une NSU RO80 de 1967 et une Audi A6 sortie d'usine plus d'un demi-siècle après n'est pas flagrante.

 

En outre, contrôles techniques et primes à la casse ont éliminé les guimbardes vraiment trop fumantes et tonitruantes (guimbarde, un terme tout aussi désuet d'ailleurs que celui de tacot)."

"En ce qui concerne les trains, l'évolution est plus drastique encore.

Les locomotives à vapeur ne se montrent plus qu'en convois exceptionnels à vocation touristique. Bichonnées par des amateurs passionnés, elles sont pimpantes et n'ont plus rien de pitoyable. Nul ne songerait à les blâmer pour leurs effluves de charbon consumé, effluves pourtant infiniment plus polluantes que celles des âtres domestiques que d'aucuns voudraient aujourd'hui proscrire.

Comme les voitures de collection, on les élève respectueusement dorénavant au rang de patrimoniales.

Les derniers trains de voyageurs entraînés par des locomotives à vapeur ont disparu au tout début des années soixante-dix. Celui qui assurait la liaison entre Condé sur Huisne, gare de la ligne de Paris à Brest, et Alençon via Mortagne au Perche, celui que, jeune enfant, j'ai emprunté pour la dernière fois en 1952 sera mon premier jalon pour évoquer la fin de cette épopée du train à petite vitesse.

Au terme de l'exploitation commerciale de la locomotion à vapeur sur des lignes régulières correspondait la naissance d'une nostalgie affectant aussi bien les anciens que ceux, de plus en plus nombreux, qui n'avaient connu la vapeur que par les films.

Les raisons et les manifestations de cette nostalgie persistante une soixantaine d'années plus tard feront l'objet de ma seconde halte.

 

Nota: la première version de cette chronique a été publiée en février 2015. Celle-ci intègre des corrections et des compléments d'informations complaisamment communiqués par des Rémalardais(es) à l'automne 2021."

Pour préparer cette chronique, j'ai consulté les ouvrages suivants :

Dictionnaire amoureux des trains, Jean des Cars, Plon 2006

 

Le Perche de gare en gare, Jacky Lecomte, Alan Sutton 2002

 

Le nœud ferroviaire de Mortagne, film de Michel Ganivet 2006

 

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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