Graffitis

Le chat - graffiti sur pignon

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"Le mot graffiti, mot d’origine italienne, recouvre aujourd’hui des traces graphiques bien différentes allant du coup de feutre à la va-vite à la fresque murale. Pour délimiter le champ couvert, il n’est donc pas indifférent d’examiner la plus officielle référence qui soit, le dictionnaire de l’Académie Française (neuvième édition, version parue en 2005 à la lettre G) : « inscription, dessin que des passants anonymes tracent sur les murs dans les lieux publics ». Grande déception car cette formulation comporte des inexactitudes flagrantes et démontre que l’on peut être immortel et commettre des définitions dépourvues de toute pérennité. A l’évidence, les murs ne constituent pas les uniques supports de nos graffitis (il y a aussi les palissades, les wagons, les statues …) et les biens privés ne sont pas épargnés (maisons, devantures de magasins et ce chat qui trône haut perché sur les pignons des immeubles en attestent)."

"Quant à l’anonymat des auteurs, s’il constitue la règle générale, il peut aussi rapidement se muer en une lucrative notoriété quand ces derniers associent le talent à l’indélicatesse."

"Subsistent donc de la définition de la noble académie «inscription, dessin » ce qui est un peu court et que je propose donc de compléter par « réalisés sur des supports non destinés à cet effet ».

Dans cette classe d’inscriptions et de dessins, deux sous-ensembles font montre d’une belle continuité au fil des siècles : les obscènes et les sentimentaux. Les obscènes s’observent plutôt dans des lieux publics temporairement privatisés (lieux d’aisance, cabines de douches des campings, des piscines …) tandis que les sentimentaux sur le mode « Raymond aime Paulette » élisent préférentiellement domicile dans l’écorce des arbres.

Graffitis naturels
Une autre forme de graffitis intemporels que je n'aborderai pas : les graffitis naturels (ici, à la Sainte Victoire)

M’attachant aux graffitis des années cinquante à nos jours, j’identifie en France trois temps marqués par des formes d’expression différentes :

• De la fin de la guerre à la fin des années soixante, le slogan et le symbole politiques dominent,

• Depuis le début des années quatre-vingt, la prétention artistique règne (même si elle reste le plus souvent au stade de la prétention …),

• Entre ces deux périodes, mai 68 voit éclore des slogans libertaires, tantôt poétiques, imaginatifs et évocateurs, tantôt débiles et violents."

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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