Cheval

Tableau
La carriole du père Junier Henri Rousseau 1844-1910

 

" Énoncer qu'il fut un temps où le cheval était omniprésent ne constitue certes pas une révélation.

 

Témoigner de ce temps-là est en passe de devenir - pour quelque temps encore – le monopole de ceux qui, comme moi, ont vécu les années cinquante et soixante.

 

Ma relation nous conduira d'abord dans la campagne normande où mes parents avaient des attaches, puis à Paris où nous résidions.

 

Comme année de référence pour la première évocation, j'ai retenu 1952 non pas parce qu'elle est la seule année à laquelle je vais attacher des bribes de souvenirs mais parce que le début des années cinquante correspond aux derniers instants où les chevaux tiennent encore la dragée haute aux tracteurs en basse Normandie.

 Au début des années cinquante en effet, beaucoup de paysans ne veulent pas croire à la disparition du cheval. Un tract anonyme cité par Marcel Mavré.en fournit une illustration: «Est-il concevable d'imaginer la terre de France sans chevaux? Tous les progrès du monde ont-ils séparé l'homme de son compagnon de toujours?».

 

A Paris, les chevaux utilisés pour la traction avaient quasiment disparu après la guerre. Cependant, à proximité immédiate de notre domicile, sur le même trottoir, en 1956, une entreprise de construction de voitures hippomobiles poursuivait sa fabrication, sans doute vestige du marché aux chevaux qui se tenait ici avant la percée par Georges Eugène Haussmann du boulevard Saint-Marcel et le transfert de ce marché rue des Morillons au début du siècle.

 

J'ai enfin retenu 1978 comme dernier repère sur la base du «que sais-je?» sur le cheval édité en 1981, lequel fournit des éléments quantifiés sur l'évolution constatée depuis la fin de la guerre. Aussi parce que l'on est alors en queue de comète du règne du cheval, des paysans et ruraux à la retraite ne se séparant pas de leurs compagnons, leur évitant ainsi le sort commun de leurs congénères: la boucherie hippophagique.

Cheval tirant une charrue et paysans autour
Scène de labour (vraisemblablement reconstituée) sur une carte postale dans les années 80

Mes illustrations seront constituées pour partie de photos familiales et pour partie de photos issues d'autres lieux (pour la campagne) ou d'autres époques (pour Paris). En effet, si les chevaux sont omniprésents sur les cartes postales jusqu'aux années vingt, ils s'effacent de la plupart des clichés d'après-guerre et ne réapparaissent ensuite que pour entretenir la nostalgie du fameux «bon vieux temps». "

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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