Bièvre

"   La Bièvre, deuxième cours d'eau parisien, a la particularité d'y être invisible et de n'avoir plus aucun témoin vivant puisqu'elle y a été intégralement recouverte en 1912.

 

Pour moi, elle a une seconde spécificité car elle traverse très grossièrement en diagonale sud-ouest/nord est de ce qui a été mon quartier parisien jusqu'à la fin des années soixante. Aussi l'ai-je déjà évoquée dans plusieurs chroniques, notamment celles consacrées aux glacières et aux cuirs.

 

Alors que le Conseil de Paris a décidé voici quelques mois d'inscrire au programme de sa nouvelle mandature une remise au jour de la Bièvre (sans doute très partielle, on le verra), j'ai souhaité lui consacrer une chronique ainsi que je l'avais fait récemment pour la Seine.

 

Le mot Bièvre n'évoque sans doute pas grand chose pour les moins de quarante ans. Pour les autres il est associé à la rue de la résidence parisienne du Président François Mitterrand.

 

Pour les baby-boomer parisiens dont j'étais, la présence invisible et donc mystérieuse de la Bièvre constituait un fait indubitable. En effet, les parisiens qui avaient eu mon âge d'alors avant son recouvrement pouvaient n'avoir que la cinquantaine. C'était notamment le cas des amis les plus âgés de mes parents … lesquels habitaient justement rue de la Glacière.

 

Donc, la Bièvre était présente dans les conversations de mes parents, lesquels ne manquaient pas de me rappeler sa présence indécelable lors de nos promenades dans le quartier. Les incertitudes-mêmes quant à son tracé exact ajoutaient pour moi à son attrait.

 

La Bièvre revivait aussi par les livres que l'on m'offrait, Sans famille d'Hector Malot et Les misérables de Victor Hugo.

J'avais retenu de ces conversations et de ces lectures que le pouvoir royal s'était alarmé dès le 16ème siècle des activités malodorantes qui s'étaient développées au bord de la Seine et avait décidé le les repousser sur la Bièvre. Celle-ci avait donc accueilli tanneries, tueries, mégisseries, teintureries … et plus tard blanchisseries, ce dans les limites du Paris d'alors (dont le faubourg Saint-Marcel ne faisait pas partie) et en amont dans les villes de la proche banlieue.

Lavoir et pont sur la Bièvre. Peinture champêtre. Créateur et lieu exact indéterminés

De ce fait, la Bièvre était devenue un cloaque puant au point d'être qualifiée d'égout au 19ème siècle par le Préfet Georges Eugène Haussmann, lequel décide donc de le traiter comme tel en le recouvrant dans la capitale.

 

Ces travaux allaient durer des dizaines d'années et ne se terminer que plus de vingt ans après la mort du Préfet.

 

Dans cette chronique, je vais m'efforcer de revisiter les lieux dans lesquels je déambulais dans les années 50 /60 en enrichissant ces promenades des informations qui sont aujourd'hui disponibles sous internet (1958 Cours privés). Ce sera la partie la plus importante et la plus personnelle de cette chronique.

 

J'ai ensuite complété mon information sur ce qui était advenu depuis lors à propos de la Bièvre: en fait apparemment pas grand chose jusqu'à la fin du siècle. En 2001 et 2003, deux études conséquentes sont produites qui envisagent les modalités d'une redécouverte de la Bièvre tandis qu'à Fresnes, on remet effectivement la Bièvre à l'air libre (2003 Redécouvertes). A Paris-même, il est décidé de maintenir le statu quo.

 

En 2020, à l'issue de l'élection municipale, décision est prise de reprendre et de réactualiser ces études de 2001 et de 2003 en vue d'un possible déconfinement de la Bièvre (2020 Bientôt déconfinée?).   "

 

A relire à propos de la Bièvre :

 Sans famille, Hector Malot,

Les misérables, Victor Hugo,

 

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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