Marchand de peaux de lapins

Enfant posant devant un clapier en bois

 "   Impossible de traiter des marchands de peaux de lapins sans évoquer au préalable les acteurs à l'origine de la profession: les lapins.

 

Depuis le Moyen Age dans les foyers Français, l'habitude a été prise de les enfermer dans des clapiers à la fois pour les protéger de leurs prédateurs et pour les confiner dans un espace restreint compatible avec la taille des jardinets urbains (on assimilera beaucoup plus tard les habitations à bon marché à des cages à lapins).

 

Discrets – contrairement à la volaille – ils se contentent de peu (souvent des déchets) et se reproduisent rapidement. Alors que l'on mange encore peu de viande, les lapins constituent le plat du dimanche des familles modestes.

 

Leur fourrure est accessoirement revendue au chiffonnier local mais elle n'est pas la plus appréciée des gentes dames.

 

L'essor du marché des peaux de lapins et le développement du métier de marchand de peaux de lapins intervient au 19ème siècle quand on commence à utiliser les poils (moins chers et plus faciles à se procurer que les poils de castors) pour en faire du feutre destiné notamment à la fabrication des chapeaux. Dessins, premiers films et photographies montrent que le port de chapeaux – et plus spécifiquement de chapeaux en feutre – est alors très répandu chez les bourgeois.

Ponçage des feutres
Ponçage des feutres

La fabrication est d'abord assurée par des chapeliers locaux mais le marché se structure au plan national au milieu du siècle dès lors que l'industrie des couperies de poils se constitue avec des usines implantées pour partie à Paris et pour partie en province. Afin d'approvisionner ces usines, des agents sont envoyés dans toutes les provinces de France pour engager brocanteurs, chiffonniers et autres ramasseurs de verres et de déchets divers à se consacrer à la récolte régulière des peaux de lapins et de lièvres chez les particuliers et chez les restaurateurs, peaux qui auraient sinon souvent fini dans les décharges à ciel ouvert.

 

Les vendeurs de peaux de lapins, France Bleu Alsace, 18 9 2017, texte et illustrations

Ces métiers disparus : le marchand de peaux de lapins, Millavois, 3 5 2020, texte et illustrations

 

Ainsi naît un réseau national de traitement des peaux de lapins qui va prospérer un siècle durant, qui commencera à s'étioler au milieu du 20ème siècle pour disparaître complètement sous cette forme à la fin de ce siècle.

Dans l'Orléanais, marchand de peaux de lapins opérant avec une voiture à chiens
Dans l'Orléanais, marchand de peaux de lapins opérant avec une voiture à chiens

 

Dans cette chronique, j'ai choisi d'évoquer tout d'abord le marchand de peaux de lapins de Rémalard, aidé en cela par mes contemporains Rémalardais qui l'ont côtoyé (1956 constituant une année choisie arbitrairement parmi les 3 années de cette décennie où je passais de grandes vacances dans ce gros bourg au centre du Perche).

 

Dans le second volet de cette chronique, je tenterai de dresser le tableau de ce marché début 2022.   "

 

Pour préparer cette chronique, j'ai consulté les ouvrages suivants :

La France en héritage, dictionnaire 1850-1970, Gérard Boutet, Perrin 2007

Quand la faim ne justifie plus les moyens, L214, Éditions Les liens qui libèrent 2019

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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