Applaudissement

"L'édition 1959 du Petit Larousse donne la définition suivante au verbe applaudir: «battre des mains en signe d'approbation» et fournit comme illustrations: «applaudir une pièce, un acteur».

Il m'a semblé que cette acception fournie par le Petit Larousse ne coïncidait plus tout à fait ou plus seulement à ce que je constatais, ce, dans deux domaines:

  • celui de certaines émissions de télévision dans lesquelles l'applaudissement est devenu un procédé pour meubler les moments creux, donner un rythme, ce au même titre que les jingles auxquels d'ailleurs il arrive fréquemment qu'il se superpose. L'applaudissement n'est alors plus un signe d'approbation mais un signe d'allégresse indistinct et sans rapport avec une prestation donnée (par exemple, à la présentation d'un générique composé de supposées notoriétés pas forcément appréciées du public présent).

  • Celui des obsèques ou la reconnaissance exprimée par l'applaudissement s'extériorise par définition en l'absence de l'intéressé. Ce qui constituait pour un public le moyen de manifester à un artiste ou à une troupe sa sensibilité devient alors un objet de spectacle sans destinataire susceptible de le recevoir, spectacle éloigné des traditions de recueillement et de réserve qui prévalaient en France jusqu'à il y a peu.

Comme à l’accoutumée, je me suis d'abord efforcé de savoir si d'autres que moi, plus informés et plus compétents (des sociologues, des historiens, des journalistes …), pouvaient confirmer mon impression et fournir des pistes d'explications à ces détournements de sens.

N'ayant pu mettre la main sur aucun ouvrage, ni même article répondant à ma quête, je me suis penché sur des documents d'archives cinématographiques et télévisuelles (l'INA apportant la plus forte contribution). Je suis ainsi parvenu à confirmer la réalité de ces évolutions sans toutefois être en mesure de leur assigner une année particulière.

 

Le recours aux applaudissements comme d'ailleurs à d'autres formes de manifestations appuyées du public (rires, exclamations voire huées …) semble s'être progressivement développé à partir des années quatre-vingt (lien avec la création des chaînes privées?) tandis que je n’ai trouvé trace de démonstrations bruyantes aux obsèques que dans les années 2000.

J'ai donc retenu comme une convention la première année de ce millénaire, 2001, pour mes deux sujets d'investigation."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

Pour faire un commentaire, une suggestion, une critique, cliquez sur ce lien