Urbanisme

1972 Edifices mal élevés

Place d'Aligre : opposition gauche-droite (GoogleEarth)
Place d'Aligre : opposition gauche-droite (GoogleEarth)

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"Nous visitons alors plusieurs appartements en cours d’achèvement et cela nous mène notamment place d’Aligre dans le 12ème arrondissement. Les affiches du promoteur vantent le caractère provincial de cette place où se tient un marché.

Depuis les fenêtres de l’immense immeuble, la publicité n’est pas fallacieuse. Le décor que l’on surplombe est celui initial de l’ancienne place qui a la forme d’un demi-cercle. Vu du sol, l’immeuble en vente, qui évoque un peu le siège de l’UNESCO, domine un quart du cercle de ses huit étages, ne laissant à la place provinciale que l’autre quart de cercle."

Place d'Aligre (GoogleEarth)
Place d'Aligre (GoogleEarth)

Je ne prétends pas que le siège de l’UNESCO constitue une horreur ni que la partie ancienne de la place soit un superbe modèle d’urbanisme provincial. Par contre, je suis convaincu que la confrontation des deux est saugrenue et que la place d’Aligre qu’avait vue le promoteur n’existe plus.

Je ne connaissais pas la place d’Aligre d’avant. Comme elle ne devait rien avoir de remarquable, je n’en ai pas trouvé de photo, de carte postale. Sur les vues d’avion de la capitale prises en 1949, on ne distingue pas grand-chose de particulier, vraisemblablement des constructions basses et éparpillées. Une autre trace nous est donnée dans un film du journal télévisé du 14 juillet 1966 : derrière Charles Trenet chantant sur une estrade édifiée sur la place, un panoramique laisse apercevoir furtivement quelques maisons dont l’intérêt architectural n’est pas avéré mais dont la juxtaposition crée un lieu homogène.

Tour Croulebarbe
Tour Croulebarbe

Dans le treizième arrondissement, derrière la Manufacture des Gobelins et faisant face aux bâtiments du mobilier national, le premier « immeuble de grande hauteur (IGH), la tour Croulebarbe avait été érigée de 1958 à 1960. Haute de « seulement » 23 étages, elle dominait néanmoins les habitations voisines d’une vingtaine de niveaux. Le fait de planter ainsi des logements avec vue plongeante sur les habitants me fait penser à l’attitude grossière d’un malotru qui garderait son chapeau dans une salle de spectacle.

Tour Montparnasse
Tour Montparnasse

En voie d’achèvement en 1972, la tour Montparnasse rééditait le même scénario mais cette fois-ci avec 57 étages.

Autant l’aménagement du site de la Défense sur une zone antérieurement disparate et dépourvue de tout intérêt architectural pouvait être justifié par sa cohérence, autant cette façon d’imposer à des lieux (place d’Aligre) ou à des quartiers entiers (tour Montparnasse) des appendices intempestifs me semblait indéfendable"

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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