Urbanisme

2012 Pour un urbanisme urbain

Tour Windsor en flammes
Tour Windsor en flammes

" ... à défaut de faire génial ou même beau sans coup férir, l’architecte-urbaniste doit faire sûr et pratique. Il doit mettre à profit son professionnalisme d’abord pour ne pas risquer d’exposer la vie de ses clients et ensuite pour faire en sorte de leur rendre cette vie facile. C’est ce que j’appelle un urbanisme urbain, urbain étant pris ici dans le sens de « qui fait preuve d'urbanité, qui témoigne d'un grand usage du monde ».

 

Force est de constater que ces objectifs a minima ont été – et sont encore – trop souvent négligés.

 

Commençons par la protection contre le feu. L’incendie de la tour Windsor à Madrid en 2005 a confirmé la difficulté de lutter contre un incendie se déclarant dans des étages élevés, en l’occurrence le 21ème étage. En dépit des moyens dont est dotée la capitale d’un pays, la tour a été quasi-intégralement ravagée malgré sa structure en béton réputée plus résistante que les armatures métalliques."

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Cité radieuse en flammes
Cité radieuse le 9 février 2012

"Plus près de nous, en février 2012, l’incendie de la cité radieuse de Marseille (plusieurs étages ravagés) a illustré l’effet pervers de canalisations dont la conception facilite la propagation sournoise de la fournaise."

 

Cité radieuse en feu le 9 02 2012,2 minutes

" La présence d’amiante dans la construction depuis les années cinquante constitue un autre fléau majeur. Qu’elle ait été utilisée pour le flocage des structures métalliques (afin précisément d’améliorer la résistance au feu), pour contribuer à l’insonorisation, pour réaliser cloisons et tuyauteries en amiante-ciment, qu’on la trouve dans des revêtements de sols ou des faux-plafonds, l’amiante a été répandue sans réserve. Cependant les dangers de l’amiante étaient identifiés depuis 1900 .

En 1967, au Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris, le professeur Louis de Frémont enseignait (sans doute depuis plusieurs années) les méfaits de l’asbestose.

Et pourtant :

• Dans le même temps, à l’emplacement de la halle aux vins, derrière le Jardin des Plantes, était engagée la construction de la faculté de Jussieu dont le désamiantage, commencé en 1996 n’est toujours pas terminé ;

• En 1970 était posée la première pierre de la tour Montparnasse (40 millions d’euros investis pour son désamiantage de 2008 à 2012) ;

• En 1975 était inauguré le CHU de Caen dont trois étages sont aujourd’hui fermés au public et accessibles uniquement aux porteurs de combinaisons anti-amiante. La destruction / reconstruction du bâtiment est à l’ordre du jour depuis plusieurs années."

Tramway Orléans

"Outre ces graves erreurs, je constate bien des imperfections regrettables qu’un peu de jugeote aurait souvent permis d’éviter.

Ainsi à Orléans en cette année 2012 a été inaugurée une deuxième ligne de tramway. Des parcs-relais ont été ouverts afin que les automobilistes puissent y garer leurs véhicules pour se rendre en transport collectif dans le centre de la ville. Excellentes initiatives à tous égards, mais empruntons l’un de ces parcs pour illustrer concrètement notre propos :

Péage parking tram Orléans

• L’accès à ce parking sur deux niveaux s’effectue par un poste de péage. Pour éviter la difficulté bien connue consistant à effectuer la transaction en restant dans la voiture sans risquer de l’endommager au passage, le concepteur a eu la bonne idée de doter le comptoir d’un tiroir coulissant. L’idée était opportune, seulement il manque une vingtaine de centimètres à la coulisse pour ne pas risquer une hernie discale ou le bigornage de la carrosserie. Une analyse ergonomique de la situation ou tout bêtement un simple essai sur maquette aurait permis de rendre effective la bonne idée ;

Rampe accès étage parking
  • La sortie du parking s’opère par le niveau supérieur. Pour y accéder, il faut emprunter une rampe en courbe. Celle-ci est suffisamment large, ce qui est assez rare pour être souligné. La sortie de la courbe s’opère sur un espace à claire-voie balisé par trois bornes. Là encore, il y avait une bonne idée … sauf que la hauteur de ces bornes ne dépasse pas un mètre, ce qui les rend parfaitement indétectables quand le museau du véhicule est orienté vers le plafond. C’est un peu comme si en montagne on avait planté des piquets de délimitation de la route dont la hauteur n’aurait pas dépassé la couche de neige habituelle en hiver;
Sortie étroite du parking -marques

• A la sortie même du bâtiment, les marques laissées par les rétroviseurs sur les parois (à droite bien entendu, mais aussi à gauche) dès les premiers jours ayant suivi l’ouverture témoignent de l’étroitesse incompréhensible du passage. Rien pourtant ne justifie cette difficulté puisque le parking n’est pas contraint par des constructions mitoyennes ;

• On rejoint ensuite la route par une courte descente en ligne droite qui débouche directement … sur une piste cyclable. Là, on monte d’un cran en passant de la gêne irritante au risque réel de catapulter un cycliste. En effet, le débouché sur la route est enserré de murs qui masquent complétement lesdits cyclistes. Une sortie en V ou la pose d’un grillage s’imposaient à l’évidence. A défaut, des miroirs pourraient encore être posés pour ne pas s’engager à l’aveugle.

Sortie du parking directement sur la piste cyclable sans visibilité de part et d'autre

 

 

 

"Déjà, en 1968, André Bruyère, architecte orléanais, écrivait : « on incrimine à tort et trop facilement les contraintes financières. Non, les crédits suffisent. C’est le reste qui manque»."

Nota : depuis la rédaction de cette chronique, quelques modifications mineures ont été apportées.

 

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 Chronique publiée le 1 décembre 2012

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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