Télétravail

2024 Cadres de travail

J’ai voulu ici tester l’agent conversationnel en intelligence artificielle Gemini de Google qui présente par rapport à ChatGPT l’avantage d’être à jour à la date à laquelle on y a recours (quand ChatGPT fonctionne avec des données d’entraînement arrêtées en septembre 2021) et fournit des liens sur ses sources (on peut ainsi approfondir et contrôler la validité des propositions). Trop tôt pour formuler un avis … et ce n’est pas le sujet.

Vaccination source de moindrs mortalité

"         Depuis 2021 il n’y a plus eu d’autre confinement. Le port du masque et la disponibilité croissante des vaccins ont changé la donne. En 2022 et 2023, les décès ont touché à plus de 95% des personnes non vaccinées, démenti tragique aux charlatans qui prônaient des remèdes de substitution miraculeux ou dénigraient les vaccins.

 

Concernant l’activité des télétravailleurs, il est très difficile de citer des chiffres précis et non contestables pour diverses raisons:
    • à partir de quand est-on considéré comme télétravailleur? La DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) considère qu’il faut pour cela travailler régulièrement au moins un jour par semaine (alors que des métiers peuvent justifier des alternances moins «régulières» mais plus longues). Elle recense également les salariés ayant télétravaillé au moins une fois dans l’année… (elle annonçait 24% avant la pandémie mais comment les avait-elle recensés et surtout quel était l’intérêt de ce recensement?);
    • l’unité de mesure généralement avancée (le pourcentage des pratiquants) est insuffisante si l’on n’y associe pas le temps passé;
    • il n’existe pas un site qui fasse référence sur des bases admises par tous, en conséquence de quoi, des organismes nationaux comme l’INSEE et la DARES fournissent des chiffres différents et parfois considérablement divergents (qui mettent Gemini mal à l’aise ...).


C’est pourquoi j’encourage les lecteurs à se montrer aussi circonspects que moi à ce sujet.

Ce qui est certain et important:
    • avant la pandémie, le télétravail était peu répandu si ce n’est dans quelques grandes entreprises. Au global en France métropolitaine, les estimations qui me semblent vraisemblables varient de 7 à 9%;
    • le premier confinement a déclenché une vague bien au-dessus de ce niveau et, surtout, a conduit des dirigeants auparavant timorés à ce sujet à suivre les fortes recommandations gouvernementales;

Pourcentage des entreprises utilisant le télétravail avant/après le confinement

    • après des fluctuations globalement à la baisse observées en 2020 et 2021, on observe depuis une relative stabilité des pourcentages entre 20 et 27%. Même si cette fourchette est large et d’une fiabilité discutable, il s’en dégage une progression considérable sur la durée par rapport à l’avant-pandémie;
    • la mesure du seul pourcentage de télétravailleurs montre aussi ses limites (comme je l’ai indiqué précédemment) car, dans les entreprises ayant choisi clairement de favoriser le télétravail et s’étant organisées en conséquence, il semblerait que le temps passé hors du cadre de travail «historique» s’élève au fil du temps (quand le seul pourcentage des pratiquants n’évolue pas);
    • pour autant, si l’on s’en tient à ces données, le télétravail ne recruterait plus guère depuis que le coronavirus a cessé d’inquiéter fortement et l’on ne serait donc pas du tout dans une trajectoire permettant d’atteindre 50% en 2030 (la prédiction de l’un des auteurs de 2021).

Les spécialistes du sujet s’accordent pour considérer que le potentiel d’«emplois télétravaillables» à plus ou moins haute dose se situerait aujourd’hui autour de 50% mais des voix s’élèvent aussi pour limiter son utilisation comme dans l’émission 28 minutes proposée par ARTE en décembre 2023 sur le thème «Fin du mirage et retour au bureau?».

Fin du mirage et retour au bureau, ARTE 28 minutes, 12 2023, 23 minutes


Deux postulats en ce sens me semblent devoir être accueillis avec circonspection:
    1. le télétravail serait source d’amélioration de productivité jusqu’à 2,5 jours par semaine et de dégradation au-delà. Cela a besoin d’être démontré par des mesures sérieuses (et pas seulement asséné sur la base d’intimes convictions). Cela ressemble plus selon moi à un argument d’entreprises qui ne souhaitent pas revenir au «cadre historique» (on n’est pas à l’abri de nouveaux variants qui imposeraient de nouveaux confinements et on a compris l’intérêt du télétravail dans ce cas) qu’à un axiome incontestable.
    2. L’isolation des télétravailleurs nuirait à l’innovation et à l’adhésion à une «culture d’entreprise». Durant ma vie professionnelle, il m’est arrivé de participer à des réunions visant à l’atteinte de ces objectifs, réunions qui ne faisaient souvent qu’accumuler des poncifs ou à sortir de ces objectifs au profit de discussions oiseuses. La formule consistant à fixer l’objectif de la réunion à l’avance en demandant à chacun de préparer sa contribution au calme (pas dans un espace partagé bourdonnant..) puis à se réunir pour échanger (physiquement si cela est possible) me semble une source de productivité que permet le télétravail.

J’ajouterai que tous les emplois ne requièrent pas des aptitudes particulières à l’innovation (cadres et managers sont encore majoritaires mais cela devrait évoluer).

 

Couverture du livre les chimpanzés et le télétravail

Concernant le futur du télétravail, je me référerai  au livre du paléoanthropologue Pascal Picq au titre déroutant de prime abord:  «Les chimpanzés et le télétravail». Pour l’expliquer brièvement (et sans doute maladroitement), on peut dire que les chimpanzés (contrairement aux macaques) ont un comportement adaptable qui leur permet de passer à bon escient d’une activité en solitaire à une autre tirant parti du groupe, ce, en fonction de l’environnement et des objectifs du moment.

Les chimpanzés et le télétravail, Sud Radio interview de Pascal Picq, 02 07 2021, 20 minutes

Réfléchir le télétravail, Conférence de Pascal Picq à l'IMTD, 16 01 2024, 1 heure 45

Pour ne pas paraphraser l’auteur, voici personnellement les conclusions que j’en tire et que je fais miennes :
    • dans l’environnement extrêmement évolutif du moment (matériels et logiciels bien entendu, mais pas seulement) dans lequel nous sommes, il est hautement préférable de se comporter en chimpanzés plutôt qu’en macaques,
    • par conséquent, il serait contre-productif de se couper complètement des opportunités qu’offre le télétravail (ses avantages propres mais aussi la possibilité de s’attacher des profils en situation de choisir leurs employeurs sur ce critère) ou de le pratiquer à dose homéopathique quand cela ne s’impose pas (beaucoup d’entreprises pratiquantes limitent actuellement sans raison évidente l’«autorisation de télétravail» à 2 jours plutôt que d’adopter une attitude plus volontariste en incitant et formant leurs managers),
    • cette même évolutivité interdit toute prédiction révélée mais la pratique d’un mode hybride ouvert selon les activités du télétravail très exceptionnel (garde d’un enfant malade par exemple) au télétravail très majoritaire dans certains cas: c’est en se préparant à tous ces cas que l’entreprise pourra le mieux s’adapter à moduler ses choix  à l’avenir (en informant et formant le plus grand nombre utile sans attendre une prochaine pandémie tout en garantissant la sécurité des données de l’entreprise).   

 

J’ajouterai que je suis également sensible aux deux remarques suivantes de l’auteur:
    • la séparation des cadres de travail privé/professionnel est récente (fin du 18ème siècle avec les activités proto-industrielles comme le textile et l’horlogerie) et a trouvé sa pleine justification économique au 19ème siècle avec la révolution industrielle et ses machines du «premier âge». Ce choix n’est pas un «acquis de la civilisation» et il est parfaitement réversible comme les «machines du deuxième âge» nous y invitent;
    • on a longtemps considéré que les métiers de production étaient inéligibles au télétravail. Or, durant la période la plus dramatique de la pandémie, les usines de Wuhan (Chine) ont augmenté leurs cadences car elles étaient pilotées en ligne avec l’aide de logiciels d’intelligence artificielle. Donc, il faut aussi considérer que l’éligibilité au télétravail augmentera dans les prochaines années et s’y préparer sans attendre, remarque applicable tant pour le télétravail que pour la robotisation et l’intelligence artificielle ...    "

 

 

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Chronique initialement publiée en juin 2016 complétée en avril 2020 puis en avril 2024

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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