Graffitis

1982 De l'art et du cochon

"Les spécialistes s’accordent à considérer que la pénétration en France des graffitis dont la forme (l’esthétique, réussie ou pas) l’emporte sur le fond (le message, généralement inexistant d’ailleurs) date de 1982."

Dessinateur à la craie sur un trottoir

"Si je m’en tiens à la période que j’ai vécue, cela ne me parait pas parfaitement exact. Une forme de graffitis comparable existait au moins à Paris dans mon quartier (le cinquième arrondissement), une forme dont je n’ai pas retrouvé la trace ultérieurement que ce soit en France ou à l’étranger : la fresque réalisée avec des craies de couleurs sur un à trois mètres carrés d’un trottoir fréquenté. Même si l’endroit n’était pas destiné à cet effet et même si son auteur se livrait en outre à la mendicité en plaçant une sébile en évidence souvent accompagnée d’une demande d’encouragement, il bénéficiait manifestement de la mansuétude de la maréchaussée. Il faut dire que son graffiti était écologique avant l’heure puisqu’il s’estompait aux premières pluies puis disparaissait sous les pas des Parisiens."

"A partir de 1982, il ne s’agit plus de furtives fresques à la craie mais de généreux badigeonnages réalisés avec des bombes de peintures et de larges feutres indélébiles. Comme dans beaucoup de domaines, cette pratique nous vient des Etats-Unis ou elle est née une dizaine d’années auparavant."

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"Cette irruption de gribouillis est généralement ressentie comme une agression visuelle qui de plus coûte cher à la collectivité (5 millions d’euros à la SNCF en 2004)."

"Seuls quelques intellectuels se démarquent en s’extasiant indistinctement de toute expression graphique intempestive, qu’elle soit estimable ou atterrante. Le ministre de la culture, Jack Lang, assimile ainsi en bloc les graffitis à un « art de la rue » tandis que la réalisatrice Agnès Varda adopte l’ébaubissant discours selon lequel il est à la fois « essentiel de tolérer les graffitis du métro » et de les « nettoyer»."

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"Alors, aveuglement ? Affectation ? Jeunisme ?

 

Est-il si difficile d’établir une distinction entre une fresque composée coloriant une palissade ou le mur gris et sale d’un souterrain et un gribouillis débile souillant une œuvre d’art ou simplement notre cadre de vie ?"

 

Statue souillée de tags

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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