Bande dessinée

1952 Lecture assistée

"     Au sortir de la guerre, beaucoup d'enfants n'allaient pas à l'école maternelle et n'apprenaient donc vraiment à lire qu'à l'âge de six ans.

Accueil des jeunes enfants : pour un nouveau service public, site du Sénat, non daté, texte et illustration

Effectifs pré-scolaires entre 1948 et 1979
Une de France-Soir DOMINICI

J'ai fait partie de ceux-là. Pour patienter, mes parents m'avaient offert un alphabet en bois recouvert de peinture rouge et j'avais engagé mon apprentissage de la lecture par la constitution de couples consonne-voyelle. Dans une autre chronique, j'ai évoqué ce que je crois être la composition de mon premier mot DOMINICI, nom qui apparaissait régulièrement à la une du quotidien France-Soir que lisait mon père.

 

La dernière page de ce même journal était alors entièrement consacrée à des bandes dessinées et celles-ci étaient particulièrement appréciées des lecteurs si j'en juge par ce qu'écrit Jacques Mornay: «Une enquête raconte que 80% des Français commençaient la lecture de leur quotidien par la page des bandes dessinées».

 

Héros quotidiens de France-Soir, Pressibus, non daté, texte et illustration

 

Dernière page de France-Soir avec des bandes dessinées pour adultes

Sachant que France-Soir s'affirmait dans les années cinquante «le seul journal français tirant à plus d'un million d'exemplaires» et que les journaux régionaux accueillaient aussi des bandes dessinées, on apprend donc que la bande dessinée pour adultes avait déjà à la fois des créateurs et des amateurs.

 

Cela contredit une assertion que l'on retrouve dans plusieurs ouvrages dont celui de François Dürrenmat, assertion  selon laquelle «il faut attendre les années soixante pour que s'affirme la volonté d'atteindre uniquement le public adulte» .

 

Non; dès le début des années cinquante – et très probablement avant – on trouvait dans France-Soir et dans les journaux régionaux des bandes dessinées dont les seuls titres attestent de leur cible: Chéri-Bibi, Arabelle, Le crime ne paie pas, Juliette de mon cœur, San Antonio …  "

 

Panorama des BD des quotidiens régionaux, Pressibus, non daté, texte

 

 

Ci-dessous des extraits de la bande dessinée Arabelle de Jean Ache.

 

Une image langoureuse à bulle d'un roman-photo

 

"   Et cela n'est pas vraiment étonnant si l'on considère que, dans le même temps, les romans-photos (des photographies avec des bulles) rencontraient un vaste public dans des magazines féminins.

 

Cependant, il se trouvait alors au moins un enfant, moi, pour s'intéresser à ces dialogues simples et tenter de les décrypter à l'aide des dessins.

 

C'est cette même curiosité qui me conduisit à apprécier les péripéties du toujours jeune Bibi Fricotin dont de nouvelles publications étaient publiées (rappelons que sa première apparition remontait à 1928). Bibi Fricotin, sorte de gavroche redresseur de torts, pas très grand (grand enfant?) s'illustrait dans des aventures simples mais variées en fonction de ses rôles successifs (tour à tour reporter, aviateur, cow boy, jockey, inventeur …).

Diaporama Couvertures Bibi Fricotin, Didier Theriez, non daté, 5 minutes

Bibi Fricotin au cinéma en noir et blanc
Bibi Fricotin au cinéma en noir et blanc

Un intérêt qui, me concernant, s'émoussera assez vite tandis que la publication se poursuivra jusqu'en 1988, totalisant 122 albums en soixante ans d'existence.

 

En préparant cette chronique, j'ai constaté l'existence d'un film Bibi Fricotin diffusé en 1951 avec Maurice Baquet dans le rôle-titre, film qui illustre la difficulté de donner vie à un personnage de bande dessinée, d'autant plus lorsque celui-ci n'est pas très consistant.   "

 

Bibi Fricotin, film de Marcel Blistène, 1951, 1 heure 23

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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