Triporteur

1957 Hermes et Nicolas

"   Dans les années 50, l'approvisionnement des habitants de l'immeuble haussmannien du boulevard Saint Marcel repose presque essentiellement sur le parcours à pied de remplissage des sacs à provisions dans les boutiques alentour: pas de grande ni de moyenne surface d' alimentation à des kilomètres et peu de voitures pour les atteindre.

Postier poussant un triporteur

Trois approvisionnements font exception:

  • le charbon, lequel doit alors constituer l'unique source de chauffage des appartements: les sacs sont livrés jusque dans les caves par des bougnats soit avec des charrettes à bras, soit avec des camionnettes. Pas de souvenir de triporteur pour ce faire. Il y a alors beaucoup de bougnats-bistrots. Le nôtre est à quelques dizaines de mètres rue Geoffroy Saint-Hilaire;
  •  le courrier et les colis livrés chez le concierge avec un triporteur poussé depuis la poste de la rue de la reine blanche (ailleurs il y en avait à pédales et à moteur);
Triporteur des vins Nicolas
  • le vin et plus spécifiquement dans notre immeuble, les « fines bouteilles » des vins Nicolas qui tiennent boutique avenue des Gobelins (pas à l'adresse actuelle mais plus bas à côté du restaurant Marty qui existait déjà). La livraison est assurée par un triporteur (conduit par un homme aux couleurs de la maison) à une famille aisée (ils ont déjà le téléphone et encore une bonne espagnole). Selon mon souvenir, il s'agissait d'un triporteur sans moteur mais j'en viens à douter car je ne trouve sur internet que des illustrations motorisées.

 

Triporteurs à Paris dans les années 50 (ci-dessous)

Peut-être des commerçants livraient-ils d'autres denrées que le vin mais je ne garde comme autre souvenir que celui du marchand de vins à l'angle de la rue Geoffroy Saint-Hilaire et de la rue Poliveau, lequel utilise sa 4CV Renault pour recueillir quelques cageots à l'emplacement du siège arrière retiré (place très comptée).

 

Je ne fréquente pas les halles Baltard mais les images qui nous restent aujourd'hui de cette ruche au centre de Paris à cette époque ne laissent pas voir de triporteurs : seulement des camions qui apportent les aliments, les camionnettes qui les emportent et les hommes qui les transportent localement soit avec des voitures à bras (à deux roues) soit à bout de bras ou sur leurs dos (les carcasses).

 D'autres images de la première partie du 20ème siècle donnent plus de place semble t'il aux triporteurs. On peut même voir des courses de triporteurs à pédales (pas de trace de telles réjouissances dans la seconde partie du siècle) alors qu'il ne s'agit manifestement pas d'engins spécialement conçus pour la compétition mais plutôt des outils de travail des protagonistes.

Course de triporteurs à Paris, Actualités Françaises, 1 1 1928, 1 minute

Du reste, les actualités cinématographiques de la période de collaboration avec les nazis intitulent leur reportage du 20 novembre 1942 «championnat de cyclisme utilitaire». En situation de disette de carburant, nécessité fait loi ...

Championnat de cyclisme utilitaire, Journal France Actualités, 20 11 1942, 50 secondes

Affiche du film Le triporteur

 

En des temps plus joyeux, en 1957, le triporteur a droit à son film d'après un roman de René Fallet, lequel film obtient un grand succès public et fait de Darry Cowl un acteur comique de premier plan (vu au cinéma Saint Marcel Pathé au 67 du boulevard Saint-Marcel).  "

 

Film Le Triporteur, Senscritique, séquence 8 minutes avec Darry Cowl et Pierre Mondy

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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