Souterrains

1965 Piétons aux abris

Photo d'un passage souterrain

"    Cela ressemble fort à un couloir du métro parisien. Et nous ne sommes pas à Paris mais à Orléans. Or, Orléans n’a pas de métro. Seulement une grande place asymétrique d’environ 1 hectare face à la gare (photo 1 du diaporama ci-dessous).

 

Un peu d’histoire locale – qui constitue aussi une part importante et méconnue de l’histoire nationale du rail - avant de revenir à notre sujet : Cette gare s’est en effet substituée à l’«embarcadère du chemin de fer pour Paris» (photo 2), premier grand trajet en France (plus de 100 kilomètres) ouvert aux voyageurs en 1843. Il fallait alors quatre heures pour se rendre à la capitale, un voyage au long cours par conséquent qui justifiait bien le mot emprunté au vocabulaire maritime d’embarcadère.

Seulement dix ans plus tard, des liaisons seront réalisées avec Tours, Limoges, Toulouse et Bordeaux conduisant à créer en 1857 un nœud ferroviaire à Fleury-les-Aubrais, quatre kilomètres en amont de la gare d’Orléans.

Après ce départ sur les chapeaux de roues en fer en 14 ans, les choses se sont ensuite bien ralenties puisque la durée du trajet Paris – Orléans, tombée à environ une heure pour les trains directs n’a pas progressé durant – au moins - ces 52 dernières années.

Pour ouvrir le diaporama ci-dessous qui comporte des explications et des précisions complémentaires, cliquer d’abord sur la première photo (qui s’agrandira et fera apparaître le texte en rapport), puis cliquer sur la flèche à droite pour progresser dans le temps.

Notez que pour revenir au texte de la chronique en cours de consultation, il vous faudra cliquer sur la croix située en haut et à droite de l'une quelconque des photos.

Pour plus d'informations, on pourra aussi consulter le site des archives municipales d'Orléans sur le thème :

D'une gare à l'autre 1843-2008, archives municipales, 1843-2008, texte et illustrations

ainsi qu'un film disponible sur le site des archives du Centre-Val de Loire :

50 ans d'Orléans, CICLIC Photo-cinéclub orléanais, 1972, 46 minutes 30

Comme on l’a vu dans l’introduction, les souterrains d’Orléans ont suscité la publication de quelques livres … mais aucun de ceux que j’ai pu consulter n’a considéré les passages souterrains pour les piétons. Peut-être la faible durée d’utilisation (moins de deux décennies) et les senteurs nauséabondes exhalées dans celui que j’ai emprunté (une seule fois de ce fait) dans les années 70 expliquent-elles cette absence

Il faut donc compter sur les souvenirs (bons ou moins fidèles) de ceux qui les ont connus et qui les rapportent sur des sites locaux ou sur des réseaux dits sociaux pour rapporter ce que l’on en sait aujourd’hui, c’est-à-dire assez peu de choses.

 

Pour ma part, si j’ai conservé un souvenir olfactif suffisamment fort pour être fiable, je n’ai aucune réminiscence du réseau en question car, compte tenu de la distance séparant l’entrée de la gare du début de la rue de la République (une centaine de mètres pour franchir l’emplacement des anciennes fortifications), l’autre passage (au moins aussi long) longeant la façade de la gare étant attesté par une femme qui, alors enfant, l’empruntait pour rejoindre son école de l’autre côté des voies.

 

Un autre témoignage récent sur le site orleans-pratique confirme cette hypothèse en rapportant que «l’inauguration des souterrains a eu lieu en 1969», date qui peut être compatible avec le début de démolition de l’ancienne gare en 1965 ou par le fait que les inaugurations officielles sont souvent décalées par rapport à la mise au disposition du public.

Inauguration des passages souterrains de la place Albert 1er, orleans-pratique, non daté, texte et illustrations

 

Tandis que sur ce même site, une autre chronique consacrée à la place Albert 1er précise que "de nombreux souterrains piétons pour accéder des nouveaux quartiers plus au nord au centre-ville, à la gare et au-delà des voies ferrées (rue de la gare)".

Place Albert 1er devant la gare, orleans-pratique, non daté, texte et illustrations

 

Précisément, ce souterrain situé à l’angle de la rue de la gare et de l’avenue de Paris, je l’ai vu condamné autour de l’an 2000 pour agrandir le parking Munster à l’est des voies d’une rangée de voitures en épi (j’utilisais ce parking avant l’ouverture de la ligne B du tram en 2012). Peut-être aussi - mais c’est là mon hypothèse non validée par quelque source que ce soit - du fait du risque d’une explosion déclenchée à distance au passage d’un train sur le mode de l’assassinat du juge Falcone sur l’autoroute qui joint Palerme à son aéroport.

Et puis la France avait également été touchée la même année par un attentat commis à la station Saint Michel du RER B (8 morts et 117 blessés).

 

De ce passage souterrain, il ne reste qu’une trace visible, celle de l’entrée à proximité de la station de tramway Louis Braille. Longtemps protégée par des barrières type manifestations, elle a été rendue coquette avec un portail en fer et des bacs de fleurs.

Pour ouvrir ce diaporama qui comporte des explications et des précisions complémentaires, cliquer d’abord sur la première photo (qui s’agrandira et fera apparaître le texte en rapport), puis cliquer sur la flèche à droite pour progresser dans le temps.

Place Albert 1er Accès aux passages souterrains en bas à gauche et sur le terre-plein au-dessus.  Maison du tourisme et gare en haut à droite.
Place Albert 1er Accès aux passages souterrains en bas à gauche et sur le terre-plein au-dessus. Maison du tourisme et gare en haut à droite.

Indépendamment des désagréments des lieux cités précédemment, on doit noter que rien n’avait été prévu pour l’accès des personnes handicapées alors qu’en 2005 le Président Chirac avait lancé son plan Handicap.

 

Supprimé plus tard que les passages piétons de la place Albert 1er, le passage de la rue de la gare avait peut-être aussi été créé beaucoup plus tôt.

La rue de la gare, orleans-pratique, non daté, texte et illustrations

 

Selon une information que je n'ai pas pu vérifier complètement, la première gare d'Orléans, inaugurée en 1843, n'était pas située au même endroit que les trois gares qui lui ont succédé. La première gare, connue sous le nom de Gare d'Orléans ou Gare d'Orléans-Orsay, était située plus en amont, au nord de la ville.

Cet amont-là pourrait bien être situé au niveau du passage que j'évoque ici.

 

Plusieurs indices militent en faveur de cette hypothèse :

  • la gravure du "débarcadère" (photo 2) la situe dans un espace plutôt désert devant un espace boisé alors que de l'angle choisi, si la gare avait été à l'emplacement de la gare actuelle, on devrait avoir en arrière-plan les maisons donnant sur le mail (rappel : la rue de La République ne sera ouverte qu'en 1897),
  • sur la chronique du lien précédent, on voit que la rue de la gare commençait au niveau des mails pour atteindre le niveau du passage piétons environ 500 mètres plus loin. Après la bifurcation, elle s'appelait toujours rue de la gare mais n'était alors plus qu'un sentier, ce qui semble bien indiquer qu'il s'agissait d'abord de donner aux habitants du centre-ville la possibilité d'atteindre cette gare,
  • aménagée plus tard pour constituer un axe de transit plus important, la rue de la gare devint ensuite avenue de Paris à partir des mails (quand  la gare fut déplacée en bordure des mails ?), 
  • de plus, la même chronique précise qu'il il y avait d'immenses entrepôts des magasins généraux (et donc du personnel en nombre qui pouvait habiter côté est des voies), donc une justification pour ne pas imposer un bon kilomètre de marche supplémentaire. 

La situation que j'ai connue en découvrant Orléans au début des années 70 était toute autre : les magasins généraux avaient disparu de la ville et je ne vis jamais des piétons entrer ou sortir de ce passage non signalé et, qui plus est, situé dans un parking.

Magasins généraux - Vins en gros au 4 rue de la gare (devenue avenue de Paris près de la place Albert 1er elle-même devenue place d'Arc après resructuration à la fin des années 80)
Magasins généraux - Vins en gros au 4 rue de la gare (devenue avenue de Paris près de la place Albert 1er elle-même devenue place d'Arc après resructuration à la fin des années 80)

Me reste une question au sujet du réseau des souterrains de la gare : sur la base de quel rationnel, la décision d'interdire de séjour à l'air libre les passants de la place Albert 1er (devenue place d'Arc) ?

  • peut-être la frénésie des autoroutes urbaines qui frappait alors certains dirigeants (à Paris les voies sur berges, l'invraisemblable projet de recouvrir le canal Saint Martin pour en faire une autostrade  ...) ?
  • un coût de réalisation plus réduit d'une réalisation en sous-sol pour les piétons que pour des véhicules ?
  • le souvenir des bombardements des envahisseurs nazis en 1940 puis des libérateurs alliés en 1944 qui avait conduit à identifier tous les abris et ... à constater qu'en dépit de la grande quantité de cavités diverses, on était loin du compte pour accueillir tous les Orléanais ? 

Note:les villes françaises deux fois bombardées étaient toutes au bord de la mer dans le quart nord-ouest du pays à l'exception de Rouen (qui n'en est pas loin, 65kms) et d'Orléans (qui en est très loin, 220kms).

Cela pouvait avoir influencé les décideurs des années 60 qui avaient vécu cette période.    "

Le diaporama qui fournit une explication succincte des actions conduites dans les années 30. Pour l'ouvrir, cliquer d’abord sur la première photo (qui s’agrandira et fera apparaître le texte en rapport), puis cliquer sur la flèche à droite pour poursuivre.

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

Pour faire un commentaire, une suggestion, une critique, cliquez sur ce lien