Garde-champêtre

1955 Porte-parole et tambour

 

"        «Mon» premier garde-champêtre officie à Rémalard dans le Perche, une bourgade qui accueille de l'ordre de 1100 habitants et dans laquelle nous passons des vacances. Je l'ai évoqué dans une précédente chronique consacrée à une autre sentinelle, le gardien de phare, héros d'un spectacle théâtral (mon premier spectacle théâtral) précisément annoncé par ce garde-champêtre.

 

Celui-ci était tout à fait conforme à l'image qu'en ont conservée des films jusqu'à cette époque: portant uniforme et képi, précédant ses annonces d'«avisses à la population» d'une voix puissante, lesquelles annonces étaient elles-mêmes introduites par un roulement de tambour attirant l'attention.

 

Par beau temps, le spectacle, car c'en était un, attirait presque autant de spectateurs, une majorité d'enfants, que les parades des cirques ambulants.

 

Ce rôle épique de personnage tonitruant a été fréquemment porté au grotesque dans les films, ainsi:

  • en 1955, d'un film amateur tourné à Chécy (Loiret) dans lequel on peut se demander si le virevoltant garde qui accompagne l'harmonie municipale ne parodie pas son propre rôle,

Fiction comique à Chécy, archives cyclic 1955, film amateur muet, 33 minutes 30

Louis de Funes sur l'affiche du film "le garde-champêtre mène l'enquête"

 

  • en 1961, du film «le garde-champêtre mène l'enquête» avec Louis de Funes dans le rôle-titre (avant d'être promu gendarme de Saint-Tropez).

 

Bien entendu, les annonces ne se limitaient pas au domaine des festivités mais s'étendaient à la publicité des activités du conseil municipal. Le garde-champêtre, à l'instar du porte-parole du gouvernement de nos jours, était le premier propagandiste du maire, lequel l'avait recruté avec l'assentiment du Procureur de la République.

Le maire attendait donc de son porte-parole la plus grande fidélité mais c'était un choix pour lequel tous les maires n'avaient pas opté. Ainsi, dans les autres villages où je passais des vacances, de la fin des années 40 à la fin des années 50, jamais je n'entendis le son du tambour, ni même n'aperçus de garde-champêtre:

  • au Locheur dans le Calvados,
  • à Dorceau dans l'Orne,
  • à Nacqueville dans la Manche,

toutes communes qui comptaient moins de 400 habitants et qui ont depuis été fusionnées mais qui avaient néanmoins obligation de recruter un garde-champêtre.

 

A quoi s'occupaient ces fonctionnaires municipaux? Je ne saurais répondre car ce n'était évidemment pas ma préoccupation d'enfant. Il est néanmoins vraisemblable qu'ils les employaient aussi à des tâches plus ou moins éloignées de celles auxquelles la profession les avait destinés au plan national.

 

Je devais connaître à Evrecy un autre garde-champêtre à partir de 1959. 

Poteaux électriques supports des annonces

 

Ma mère, native de cette commune du Calvados presque intégralement détruite lors du débarquement, l'avait connu enfant dans les années 20 30 alors qu'il officiait en tant que facteur. Comme il avait été mobilisé en 14-18, il avait donc largement atteint la soixantaine. Il opérait sans tambour ni trompette, collant des affichettes sur les poteaux électriques (l'enfouissement serait pour plus tard).

 

 

Logé dans un appartement de fonction dans le bâtiment de la mairie, il devait poursuivre son activité jusqu'à son décès une quinzaine d'années plus tard, donc après avoir largement dépassé l'âge légal de la retraite.

 

Ceci constitue une illustration supplémentaire de la latitude dont disposaient les maires dans la «gestion de carrière» de leurs garde-champêtres ...   "

 

Variété des interprétations : un garde-champêtre à cheval dans les années 60, Public Sénat, 20 10 2019, 1 minute 10

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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