Bobard
2019 Faits alternatifs
" Avec les inondations de 2001, on avait vu des responsables politiques locaux crédibiliser la rumeur d'un bobard sur le mode «c'est possible, il faudrait tout de même nous expliquer pourquoi cela ne le serait pas».
Avec l'arrivée de Donald Trump à la tête de la première puissance mondiale, il n'y a carrément plus de place pour des rumeurs, seulement des bobards érigés au rang de «faits alternatifs».
Les faits alternatifs de Donald Trump, Le Monde, 6 2 2017, 3 minutes 40
Dès 2017, peu de temps après son élection, l'improbable impétrant se glorifie d'avoir pour l'occasion rassemblé une foule aussi dense que celle qui avait accompagné l'intronisation de son prédécesseur. Or, cette rodomontade est aisément contredite par la simple juxtaposition des photographies des foules rassemblées pour ces deux cérémonies.
Certes, cela peut sembler dans ce cas anecdotique et l'on peut arguer que d'autres responsables politiques et théocratiques suprêmes ont auparavant - et encore aujourd'hui – érigé en mode de gouvernement l'accumulation de bobards généralement conglomérés dans des doctrines, qu'elles soient fumeuses, vindicatives ou chimériques, parfois les trois à la fois.
La différence est que cela se passait – que cela se passe encore – dans des pays ou les contre-pouvoirs, politiques et médiatiques, étaient muselés. Dans des démocraties, il faut conjuguer l'audace et l’ingénuité pour proférer des hérésies aussi aisément réfutables.
En janvier 2019 cependant, des responsables politiques français, dont certains aspirent aux plus hautes responsabilités, adoptent la même pratique à l'occasion de la signature d'un traité de coopération avec l'Allemagne à Aix la Chapelle: la France serait prête, entre autres turpitudes, à céder l'Alsace et la Lorraine à l'ennemi héréditaire.
Sur la simple base du texte – public - les démentis fusent de toutes parts mais cela ne suffit pas à discréditer les auteurs de ces calembredaines.
Les déclarations et les démentis de la presse
L'Express, 21 janvier, 2 minutes 10
France 24, 23 janvier, 12 minutes
N.B. on notera qu'aucun de ces média n'utilise en janvier 2019 le mot "agréé" en octobre infox ...
De même, le président Trump continue t'il à mettre son grain de sel quotidien (en version originale francisée, à touiter) dépourvu de toute retenue sans que cela n'affecte sa base électorale.
Pendant ce temps, loin des États-Unis, en Macédoine, des bobardiers quasi-professionnels continuent à abreuver le réseau internet de contenus conspirationnistes du type «les révélations choquantes de l'ex-petit ami de Barack Obama». Ils le font pour partie avec une volonté de révérer leur maître es faits alternatifs mais aussi plus prosaïquement pour attirer des visiteurs et être de ce fait en mesure de vendre du contenu publicitaire à des marques.
Les moyens utilisés sont nouveaux mais le procédé est identique à celui de la bonne vieille presse à scandales, qu'elle soit au service de messages politiques nauséeux à l'instar des titres qui avaient fleuri entre les deux guerres mondiales ou qu'elle se focalise sur des événements émouvants ou sur des comportements supposés scandaleux de personnes connues afin d'atteindre ainsi des tirages lucratifs.
Rien, là non plus qui justifie l'attribution d'un nouveau nom en lieu et place de bobard ... "
Chronique publiée en mars 2019
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
Pour faire un commentaire, une suggestion, une critique, cliquez sur ce lien