Temps libre
1981 Liberté ministérielle
" Mai 1981 est marqué par l’arrivée au pouvoir d’un Président et d’une majorité de gauche.
La période est caractérisée par une croissance forte du chômage qui affectera plus de 2 millions de travailleurs en octobre.
Chômeurs : 2 millions, Journal A2 Edition 20h, 05 11 1981, 3 minutes20
Basé sur une hypothèse d’un possible partage du travail, le programme du Président comprenait :
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une baisse temps de travail de base de 40 à 35 heures,
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l’avancement de l’âge de la retraite de 65 à 60 ans,
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le passage des congés annuels de 4 à 5 semaines.
Dans ce cadre, un Ministère du temps libre est créé pour aider à l’utilisation judicieuse de ce temps libéré en facilitant l’accès aux loisirs et à la culture des citoyens français. Le titre de ce ministère s’inspire de celui du ministère des loisirs créé lors de la précédente gouvernance de gauche dite de front populaire de 1936 à 1938. Il suscite des moqueries souvent médiocres (telles que ministère des zombies, de la fainéantise) et une un peu plus relevée de Coluche lors la remise des Césars (ministère du temps perdu à rien foutre) mais qui constitue précisément le contraire de l’objectif dudit ministère.
“Temps libre” : un ministère rêvé, Institut Mitterrand, non daté, texte
Cependant les résultats de ce ministère en la matière resteront modestes pour des raisons que je me suis efforcé d’identifier.
Tout d’abord, le Ministre du temps libre est aussi responsable de la jeunesse et des sports d’une part et du tourisme d’autre part. Il est assisté de deux secrétaires d’État qui disposent de ressources significatives constituées précédemment avec des rattachements ministériels différents tandis que le Ministre du temps libre ne dispose que des attachés de son cabinet en ce qui concerne la mission qui lui a valu son titre.
S’il peut certes influer sur le temps libre utilisable sur les trois domaines pour lesquels il dirige in fine les ressources, il existe bien d’autres moyens d’utiliser le temps libre (la culture, les associations …) pour lesquels, il n’est doté que d’un vague pouvoir de coordination.
En outre, il est en partie tributaire d’une augmentation du temps libre qui ne se concrétisera que progressivement sous la responsabilité d’autres ministres et du premier d’entre eux. Face aux réticences du patronat et du Sénat (resté à droite), ce dernier se résoudra en janvier 1982 à une réduction à 39 heures au lieu de 35.
13 janvier 1982, le passage aux 39 heures -rétrospective, INA, 13 10 2022, 2 minutes 20
En 2024, l’Institut Mitterrand lui-même évoque à propos de ce Ministère du temps libre «un OVNI» atteint d’un «déséquilibre structurel» qu’il impute à une «improvisation de dernière minute».
Le Ministère du temps libre disparaît en tant que tel le 22 mars 1983, soit moins de deux ans après sa création) avec le «tournant de la rigueur» que justifie, selon le Président, une situation économique dégradée.
L’appellation même de temps libre, quelque temps conservée avec une ministre déléguée «au temps libre, à la jeunesse et aux sports» disparaîtra définitivement avec le remplacement de Pierre Mauroy par Laurent Fabius en juillet 1984.
Malgré un contexte difficile à tous égards et une brève durée de vie, il subsiste de ce Ministère la création – sur un mode de négociation par entreprise – la création des chèques-vacances en 1982 qui permet à quelques millions de familles modestes de partir en vacances. "
On a retrouvé le ministre du Temps libre de 1981..., Marianne, 27 03 2017, texte et illustrations
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
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