Neige
1964 Canons à or blanc
" Je me suis initialement intéressé à la station du Haut-Folin qui culmine à 910 mètres parce qu’en faisant une recherche sur les canons à neige wikipedia m’a informé que «Au milieu des années 1960, le Club Alpin Français (CAF) d’Autun importe les premiers canons à neige en France pour la station du Haut-Folin dans le massif du Morvan.».
Canon à neige, wikipedia, non daté, texte
De fait, au début des années 50, les instances de ski d’Autun (le Club Alpin Français et le Ski Club Autunois), constatant que les aller-retour dans le Jura qu’ils organisent ont peu de succès du fait des temps de trajet et des coûts qui en résultent, décident de créer une station pour leurs adeptes et, tout particulièrement, pour l’apprentissage des plus jeunes d’entre eux. Ils jettent leur dévolu sur le Haut-Folin à trente kilomètres au nord-ouest de leur ville. Le lieu-dit n’est certes pas facile d’accès et se termine par un chemin forestier piétonnier mais il permet d’envisager la pose d’un tire-fesses donnant accès à l’un des deux sommets du Morvan qui culmine à quelques neuf cent mètres d’altitude.
Ils prennent en charge la construction d’un chalet assurant une restauration simple, l’encaissement des forfaits et la location de skis au pied d’un remonte-pentes réalisé avec des pylônes en bois et une corde.
Le principe est ainsi décrit: «Le principe était des plus rudimentaires : un moteur thermique installé dans la cabane en bas permettait à la corde de boucler la montée et le retour, quant aux skieurs, il leur suffisait simplement de tenir la corde qui faisait office de remonte-pente pour atteindre le sommet.».
Le Haut-Folin en Morvan, site personnel consacré au Haut-Folin, non daté, texte et illustrations
C’était le début de telles stations … Celle-ci ouvre ainsi dès 1953.
Dès l’été suivant, les bénévoles poursuivent leurs efforts notamment en carrossant le chemin forestier pour permettre aux visiteurs d’atteindre le chalet en voiture.
A cette époque, l’enneigement est suffisant pour envisager l’avenir avec optimisme d’autant que les bénévoles autochtones sont en mesure de proposer du ski de piste aux habitants des villes de la région (outre Autun, Château-Chinon, Avallon, Nevers...).
Mieux encore, la clientèle parisienne pourra bientôt emprunter l’autoroute du sud - dont la construction a commencé en 1953 - et parcourir 220 kilomètres jusqu’à Avallon en direction du Haut-Folin sans obstacle et – alors - sans limitation de vitesse. Ne resteront aux parisiens que quelques 80 kilomètres à parcourir par le réseau classique pour atteindre le chalet au pied de la piste.
Pour être à la hauteur d’une telle ambition, il faut pouvoir assurer la présence de neige. Or à cette altitude, même sans effet du réchauffement climatique à cette époque, l’enneigement peut être aléatoire. Il se trouve que des canons à neige ont été inventés aux États-Unis et que les premiers ont été installés en Suisse en 1963.
Le CAF d’Autun se met alors en relation avec une société américaine l’Américan-Machine Foundry (AMF) et signe avec elle un contrat sur la base de spécifications précises d’enneigement et de coûts pour recouvrir les trois hectares de la piste. L’hiver 1963-1964 servira de test de validation sur ces bases. Simultanément, le CAF d’Autun adresse au Conseil Général une demande de subvention. Il est alors convenu d’une réunion sur place pour statuer au cœur de l’hiver en fonction des résultats obtenus.
Cette réunion se tient le 15 février 1964 au chalet du CAF du Haut-Folin en présence notamment du Préfet, d’édiles locaux et d’un ingénieur des travaux publics. La point de situation est assuré par le Président de la section du Club Alpin Français local. Quelques extraits du compte-rendu :
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«sollicitant une subvention départementale, dit-il, nous escomptions bien que nos appareils fonctionneraient, mais il n'en est rien»,
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«la carence de l'A.M.F. française est la cause de l'échec de cette réalisation» (retard de livraison, pièces défectueuses, support à l’installation insuffisant, rendement des canons non conforme aux spécifications …).
Soixante ans plus tard, on n’en tirera pas de conclusions ni sur la solution ni sur la société citée. Néanmoins, je serais curieux de savoir comment sont résolus aujourd’hui des problèmes alors rencontrés:
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celui des débits d’eau à produire pour assurer le fonctionnement jusqu’au point culminant de la pente,
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celui du profil et du nombre de personnes nécessitées estimé à quatre «devant posséder des qualités de débrouillardise et être très résistants physiquement» pour la mise en œuvre dans le cas de de cette installation modeste,
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celui des limites de la capacité des canons: «l’enneigement, devenait pratiquement impossible à réaliser sur les parties herbeuses par suite de sa cristallisation rapide autour des brins d'herbe»,
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celui des conditions de la rentabilisation de l’investissement et de la couverture des frais de fonctionnement (personnel, eau, électricité) par une affluence additionnelle de skieurs.
Le rapport se terminait sur une note optimiste: «Cela ne signifie point que, sans cette défaillance, l’expérience n’aurait pas été couronnée de succès.».
Cependant, il n’y eut pas de seconde expérience et, dans les années quatre-vingt, l’installation de remontée fut abandonnée puis déconstruite, limitant l’accès aux seuls skieurs de fond … quand il y avait suffisamment de neige. "
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Chronique publiée le 1 décembre 2024
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
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