Instruction civique
1987 L'autruche et la balance
"On sait désormais beaucoup plus de choses sur la période de l'occupation, sur les attitudes adoptées alors par nos concitoyens.
On sait qu'à côté des héros et des justes, une part non négligeable de la population a sombré dans la plus sordide abjection.
La manifestation la plus spectaculaire de cette infamie a consisté dans le nombre incroyable de lettres de délation, anonymes ou non parfois même à l'en-tête d'associations très officiellement déclarées, qui sont parvenues aux autorités allemandes et françaises durant cette période."
"Dans les années quatre-vingt, cette réalité désormais révélée, peu flatteuse, contribue sans doute à la formation d'un sentiment diffus de culpabilité collective.
Faute du débat nécessaire qui aurait pu établir le fossé qui sépare une délation stupide ou crapuleuse et le témoignage citoyen, désintéressé, qui permet de dénoncer des criminels et des délinquants, la plus grande confusion règne.
Ainsi, face aux mesures prises pour débusquer les assassins de Georges Besse, président de Renault, en cette année 1987, d'aucuns n'hésitent pas à écrire « non au régime de Vichy ».
Alors que le groupe « action directe » s'exprime en assassinant des responsables, les Allemands de leur côté rencontrent des difficultés à obtenir des Renseignements Généraux français des informations qui leur permettraient de mettre fin à cette forme d'expression : « on n'est pas des balances"(*)."
Plutôt faire l'autruche que la balance."
(*) Source : la revue Autrement. Numéro consacré à la délation (n° 1474 - parution en 1987)
Sur la délation sous l'occupation, un documentaire de André Halimi
Sur l'arrestation des membres du groupe "action directe" en 1987 à Vitry aux Loges
Pour connaître l'autobus des rafles parisiennes dans des circonstances moins ignominieuses, cliquez ici
Pour aller à l'écran d'accueil, cliquez ici
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
Pour faire un commentaire, une suggestion, une critique, cliquez sur ce lien