"Cette chronique intitulée «dactylo» embrassera en fait le continuum professionnel allant de la dactylo à la secrétaire, voire à l'assistante de direction, en passant par la sténo.

A ce choix, plusieurs raisons :

"Avant de nous pencher sur cette période contemporaine, rappelons l'origine de ces métiers.

La sténographie, activité ne requerrant aucun outil, est identifiée à partir du quatrième siècle avant JC. Elle répond au besoin intemporel de saisir un discours sur le vif sans ralentir la cadence de l'orateur. Elle ne se mécanise qu'avec la sténotypie qui combine la dextérité digitale requise par la frappe à l'accélération de la saisie déjà acquise par la sténographie utilisant des caractères phonétiques.

La sténotypie apparaît simultanément à la dactylographie, à partir de la fin du dix-neuvième siècle, mais ne détrône pas, tant s'en faut, la sténographie.

Une autre évolution prometteuse, susceptible de remettre en cause sténographie et sténotypie, voit le jour en 1907 avec le dictaphone à rouleaux de cire d'Edison."

La production en masse de machines à écrire coïncide avec l'émergence de l'organisation dite scientifique du travail (OST) et, comme tous les métiers manuels répétitifs, la dactylographie va être durant plusieurs décennies un terrain d'élection de l'OST et de ses principes (parcellisation des tâches, mesure des temps élémentaires allant souvent jusqu'à une rémunération très fortement tributaire de la performance, surveillance étroite des «exécutantes» facilitée en la circonstance par leur regroupement en pools).

...

"Dans cette évocation, j'aborderai l'évolution de ces métiers à partir de ma vie en entreprise du milieu des années soixante au début des années deux milles. Trois années jalonneront ce parcours:

• 1970 et l'apogée des pools de dactylos,

• 1980 et la remise en cause du métier avec la survenance de la bureautique,

• 2012 quand l'arrivée à maturité de la reconnaissance vocale réduit considérablement l'usage du clavier …. et réduit même le champ des activités de secrétariat."