Dépassement
1972 La croissance a des limites
" La croissance sans limite, qui constitue le dogme associé à la révolution industrielle du 19ème siècle, se perpétue et sans doute même s’accentue, conforté par les progrès économiques de l’après-guerre, durant les trente glorieuses.
A cette période correspondent notamment dans mon souvenir:
- les éditoriaux et prestations diverses de Michel Drancourt, à ma connaissance premier journaliste économique à la télévision;
Déjeuner M. Pompidou, Michel Drancourt, 21 091967, 5 minutes 40
- la création du magazine économique L’Expansion (titre explicite ...) à destination des cadres. Il sera concurrencé par d’autres périodiques visant la même cible (Challenges, Capital …). L’Expansion a aujourd’hui disparu comme d’autres de ses concurrents. Faut-il y voir l’effet d’une diversification des sources d’information (les chaînes économiques ou l’effet d’un moindre attrait pour les «success stories» entrepreneuriales?
Cependant dès les années soixante un mouvement diffus de mise en doute de la foi optimiste en un progrès infini apparaît que le slogan de 1968 illustre; «Consommez plus, vous vivrez moins».
- En 1972, la diffusion du rapport Meadows officiellement intitulé "Les limites à la croissance" crédibilise la contestation d’une croissance infinie :il répond à la demande du Club de Rome, institution respectée présidée par le chef d’entreprise italien (Fiat) Aurelio Peccei,
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il est dans ce cadre initié par des universitaires du Massachusetts Institute of Technology (MIT) dirigés par James Forrester, spécialiste des théories des systèmes, un sujet très en vogue au début des années 70 qui en France a donné lieu à la création d’une chaire théorie des systèmes d’organisation attribuée à Bruno Lussato au Conservatoire National des Arts et Métiers (j’ai alors été son élève jusqu‘au cycle C),
Le Professeur Bruno Lussato, Babellio, non daté, texte et illustrations
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le rapport est sous-tendu par un modèle initialement proposé par par le spécialiste en systèmes James Forrester, modèle informatisé à vocation mondiale et prenant en compte 5 grandes variables: l'évolution de la population, le degré d'industrialisation, le niveau de la pollution, celui de la production alimentaire par habitant et l'épuisement des ressources naturelles,
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IBM, alors porte-drapeau de l’informatique mondiale, a contribué au développement de logiciels spécifiquement adaptés aux besoins de l'équipe de recherche du MIT et les ordinateurs d'IBM, bien que loin de la puissance des machines actuelles, ont permis de réaliser des milliers de simulations dans le temps, explorant différents scénarios d’évolution sur les cinq variables de base précédemment mentionnées.
Sur la base des résultats ainsi obtenus, le rapport de 1972 dégageait alors des recommandations qui restent aujourd’hui - hélas – d’une grande actualité:
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la stabilisation de la population mondiale grâce notamment à la planification familiale,
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la réduction de la consommation en privilégiant la réparation et la réutilisation au remplacement par «du neuf»,
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le développement de technologies propres (énergies renouvelables, réduction de la pollution…),
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la réduction des inégalités entre pays du nord et du sud,
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la mise en place de mécanismes de coopération internationale pour optimiser l’utilisation des ressources et faire face aux défis environnementaux.
Le rapport Meadows de 1972, intitulé "Les limites à la croissance", a effectivement mis en évidence la possibilité d'un "dépassement mondial", c'est-à-dire un moment où la demande de l'humanité en ressources naturelles dépasserait la capacité de la Terre à les renouveler.
Le rapport ne prédit pas explicitement un effondrement, une fin du monde ou une Terre complètement invivable. Il met plutôt en garde contre les conséquences potentiellement catastrophiques d'une croissance économique illimitée sur une planète aux ressources finies. Les conséquences évoquées incluent :
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Un effondrement des systèmes écologiques: La surexploitation des ressources naturelles, la pollution et la dégradation des écosystèmes pourraient entraîner une perte de biodiversité et une dégradation des services écosystémiques essentiels à la vie humaine.
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Une pénurie de ressources: L'épuisement des ressources non renouvelables et la difficulté à renouveler les ressources renouvelables à un rythme suffisant pourraient entraîner des conflits, des famines et des migrations de masse.
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Une instabilité sociale et politique: Les tensions liées à la répartition des ressources et les chocs économiques pourraient déstabiliser les sociétés et les gouvernements.
En résumé:contrairement à ce que certains auteurs l’ont écrit ainsi que le souligne1, le rapport Meadows ne prône pas la décroissance au sens strict du terme,
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contrairement à ce que certains auteurs l’ont écrit, ainsi que le souligne Frédéric Dufoing, le rapport Meadows ne prône pas la décroissance au sens strict du terme,
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il milite pour une croissance maîtrisée et une transformation de nos modes de vie ,
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rétrospectivement, sa valeur ajoutée a surtout résidé dans une alerte précoce et crédible remettant en question le mythe de la croissance économique infinie qui prévalait encore au début des années soixante-dix.
Le rapport Meadows a, à sa parution, fait l’objet de critiques et de débats. Comme nous allons le voir (et, comme nous l’avons vu précédemment au sujet des voitures électriques) l’application de ses recommandations n’a pas été immédiatement à la hauteur de l’urgence. "
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
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