Baby-boomer
Accordéon
1954 Muse Yvette, musette
" Explication du titre que j’ai choisi:
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Yvette parce que Yvette Horner, seule femme accordéoniste ayant atteint la notoriété dans cette période de l’immédiat après-guerre,
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musette, parce qu’elle dût cette notoriété au genre musette. Bien que la contraction de muse et d’Yvette eût été méritée, une musette est en fait une sorte de petite cornemuse très antérieure à l’accordéon qui aurait, selon certains, été inventée au treizième siècle par le ménestrel Colin Muset. La musette était utilisée par les Auvergnats avant l’accordéon dans leurs «bals à la musette»,
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1954 parce que c’est l’année où mon épouse vit passer Yvette Horner, jouant perchée sur le toit d’une voiture de la caravane du Tour de France.
Et il ne m’a pas été facile de déterminer l’année de ce passage car mes beaux-parents aimaient à la fois l’accordéon, la danse et le cyclisme. Mon épouse se souvenait ainsi d’avoir accompagné ses parents non loin du village de Labatut ou ils résidaient et avoir vu à proximité de Peyrehorade Fausto Coppi (son «idole» dans sa tendre enfance) et Yvette Horner juchée sur une voiture dont elle ignorait la marque. Bonne mémoire puisque s’agissant de quelques secondes datant de décennies. Toutefois, elle ne pouvait évidemment déterminer la ou les dates. Grâce aux recherches dont le diaporama suivant mesure l’ampleur, j’ai pu déterminer que Fausto Coppi ne pouvait avoir été furtivement aperçu qu’en 1951, année ou il avait remporté l’épreuve, et que les sons d’Yvette Horner n’avaient pu être plus ou moins discernés qu’alors qu’elle était juchée sur une 15CV aux couleurs de la Suze en 1954.
Yvette Horner participa en effet au Tour de France à partir de 1952 durant 11 années consécutives sur des voitures différentes avec diverses protections contre les moustiques (très nombreux encore pour l’information des plus jeunes) allant des simples lunettes de soleil en 1954 à la cage transparente en passant par un rudimentaire équipement type passager de side-car (cette fois information vraisemblablement réservée aux plus anciens).
Pas de repos aux étapes: elle y anime des bals.
L’accordéon était aussi présent dans le tour de France avec Paul Beuscher qui fabriquait alors des accordéons, ce qui est un indice de la popularité de l’accordéon auprès des amateurs de cyclisme … et de l’espoir raisonnable du financeur de vendre ses accordéons à ces amateurs-là.
Yvette Horner était la seule femme accordéoniste connue tandis que onze noms d’hommes apparus dans mes lectures et recherches me revenaient spontanément en mémoire.
Et tous ces accordéonistes s’inscrivaient en 1954 dans une tranche d’âge relativement étroite, laquelle démontrait l’engouement du public:
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du plus jeune, Marcel Azzola, 27 ans,
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au plus âgé Édouard Duleu, 45 ans,
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en passant par Joss Baselli 29 ans, Louis Ledrich 30, Yvette Horner 31, Aimable 32, André Verchuren 34, Jo Privat 35, Gus Viseur 39, Tony Murena 39, Etienne Lorin 41 et Émile Prudhomme 41.
Le plus illustre d’entre eux est André Verchuren. Il dispose plusieurs années durant d’une émission matinale quotidienne sur Radio-Luxembourg, une radio qui distille bien entendu de l’accordéon musette.
En sus de la renommée que cela confère au musicien et à ses collègues, je me souviens d’une séquence publicitaire pour les accordéons Paul Beuscher. Malgré son audience, l’accordéon n’est pas reconnu comme un instrument digne d’être enseigné dans les Conservatoires. Paul Beuscher y pallie pour les Parisiens en créant une école dont il confie la direction à Étienne Lorin. Paul Beuscher – notre histoire, 2010, texte
André Verchuren sillonne la France accompagné d’un orchestre musette et s’assure la sympathie d’un public populaire et fidèle. En 2005, à 80 ans, il remplira encore un Zénith en assurant le spectacle debout et en poussant – très approximativement – la chansonnette.
André Verchuren "Les fiancés d'Auvergne", INA - Palmarès des chansons, 20 01 1966, 3 minutes
André Verchuren au Zénith de Clermont Ferrand, 11 2005, 10 minutes 30
Personnellement, enfant, je ne suis pas amateur de musette mais, moins exposé que mon épouse dont les parents sont fervents, je n’ai pas cultivé une allergie particulière à l’accordéon. Ainsi, j’aime bien Bourvil accompagné par (et sur une musique de) Étienne Lorin pour ses «crayons» et sa «tactique du gendarme» notamment.
Etienne Lorin et Bourvil – Les crayons, Histoire des chansons, non daté, texte et illustrations
En revanche, l’accordéon m’insupporte quand il accompagne des chanteuses que l’on intitule à tort réalistes. Je me souviens d’un après-midi dans le hameau du Calvados Le Locheur quand le maire, âgé, avait apporté son électrophone et nous avait gratifié de sa collection de 78 tours de ces grandiloquentes et de leurs ritournelles bruyamment pleurnichardes, tantôt éplorées, tantôt enamourées et parfois même les deux à la fois.
Mais, à dire le vrai, l’accordéon ne faisait qu’accompagner le désastre …
La télévision s’ouvrant à un public plus large à la fin des années cinquante aura aussi son émission: «Le monde de l’accordéon» réalisée an liaison avec la radio nationale Paris-Inter «Les princes de l’accordéon», émissions animées par Joss Baselli.
En 2024, l’accordéon-musette n’a plus guère sa place dans les médias de grande diffusion.
Radio-Nostalgie, station créée en 1983 à cet effet de miser sur la mélancolie du temps qui passe, annonce désormais ne plus remonter au-delà des années soixante-dix... quand précisément le musette a perdu de sa superbe.
Et, à la télévision, «La chance aux chansons» de Pascal Sevran, qui jouait sur le même registre, s’est éteinte il y a dix-sept ans.
Sans succession à ce jour.
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
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