Vélosolex

1962 Moteur de secours antiparasité

"A partir du milieu des années cinquante, le pouvoir d'achat des Français s'améliore rapidement et sensiblement. De ce fait, des parents peuvent en plus grand nombre offrir des vélosolex à leurs progénitures. Cette nouvelle clientèle s'ajoute à celle des «clients historiques» et la production annuelle atteint ainsi 312000 exemplaires en 1962.

Vélosolex S2200 antiparasité

Le vélosolex S2200 dont je prends possession au printemps à la concession Caennaise présente une amélioration notable par rapport au modèle précédent: il est antiparasité.

Jusqu'à la publication d'un décret imposant l'antiparasitage à tous les engins motorisés en 1961, les téléspectateurs implantés à proximité d'une voie de circulation voyaient leurs écrans envahis de rayures sur un fond sonore grésillant à chaque passage d'un véhicule motorisé. Et le vélosolex n'était pas en reste... Avec la croissance forte des ventes de téléviseurs concomitante à celle des voitures, il était devenu de première nécessité de se dispenser de ces brouillages inopportuns.

Ainsi équipé d'un moteur de secours antiparasité, je forme le projet de découvrir la Bretagne dès le mois de juillet en utilisant (en découvrant aussi) le réseau des auberges de jeunesse.

Le périple – une boucle de trois semaines qui doit me mener des Côtes du Nord (transfigurées depuis lors en Côtes d'Armor) au Finistère puis dans le Morbihan – est compatible avec les performances du vélosolex, dont la vitesse culmine à trente kilomètres à l’heure sur terrain plat, ce qui constitue la configuration la plus fréquente en Bretagne."

Carnet d'entretien

Mon expédition se déroule sans anicroche si ce n’est une chute sans gravité. Pour en expliquer la cause, il faut rappeler le fonctionnement du vélosolex. A l’avant du guidon, derrière la minuscule loupiote ronde surmontée d’une visière, on trouve tous les composants mécaniques : le moteur deux temps, le réservoir de mélange huile et essence qui l’alimente et la sortie d’échappement dotée de son silencieux aux effets tout relatifs (une sorte de grosse boîte de pastilles pulmoll noire). La transmission de l’énergie déployée s’opère à l’aide d’une bague rugueuse qui entraîne la roue avant en frottant sur le pneu.

Le concepteur de cette traction avant comptait donc sur le poids des composants mécaniques pour assurer une pression suffisante du pneu sur le sol. Or, pour me permettre d’emmener le paquetage nécessaire à mon périple, mon père avait fixé sur le porte-bagages des cornières qui le prolongeaient d’une bonne trentaine de centimètres, permettant de déporter d’autant les sacoches vers l’arrière et de disposer d’une surface accrue sur le porte-bagages pour y disposer l’indispensable mais encombrant sac de couchage.

 

Station-service vélosolex

Alors, dans une montée, le centre de gravité de l’équipage largement déplacé vers l’arrière, l’aléatoire adhérence sur le gravier du bord de la chaussée, c’est l’embardée assurée dans l’herbe du fossé. Un concessionnaire vélosolex remplacera heureusement la poignée cassée à l’étape sans trop entamer mon budget.

J'expérimente également une adhérence sur sol mouillé non exempte de limites. Quant à l'argument publicitaire prétendant que l'on peut gravir des côtes à 6% sans pédaler, peut-être était-il véridique pour un jockey délesté de tout barda...

Il n'empêche que, cheveux au vent (le casque ne sera obligatoire qu'en 1973), le vélosolex était un compagnon de voyage très appréciable et, grâce à la proximité des auberges d'alors, propice à une patiente découverte de la Bretagne.

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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