Baby-boomer
Vin
1956 Coup de gel
" Ce sous-titre recouvre deux caractéristiques de cette année 1956:
- la première est climatique. La rudesse de l'hiver 54 reste dans les mémoires du fait de l'appel de l'abbé Pierre. On sait moins que l'hiver 56 fut plus catastrophique pour le vignoble. Ce coup de gel eut paradoxalement un effet bénéfique car il permit d'épuiser les stocks qui s'accumulaient depuis quelques années. Car la consommation avait commencé à fléchir.
- La seconde caractéristique concerne la réglementation applicable au vin. Étrangement, l'année 1954 est restée plus célèbre sur ce plan avec la constitution du gouvernement de Pierre Mendès France, lequel institua la distribution de lait dans les écoles (ayant un dégoût du lait, j'en garde un souvenir cuisant...). Pourtant, c'est seulement en 1956 que la distribution de vin dans les cantines sera réglementée.
Les années cinquante voient donc la consommation de vin entamer une chute qui se poursuivra bien au-delà. Dès 1953, des primes à l'arrachage des plants de vignes sont instituées. Malgré cela, la production de vin reste supérieure à la consommation et le coup de gel de 1956 ne crée donc aucune pénurie, épuisant simplement les stocks accumulés durant les quatre années précédentes. Cette production reste majoritairement celle de «vin de table». Elle est composée annuellement de 1953 à 1955 de 60 millions d'hectolitres récoltés dans l'hexagone et de 18 millions
d'hectolitres en provenance d'Algérie.
L'information sur les dangers de l'alcoolisme est vague. Ainsi du slogan «santé-sobriété» et du «jamais plus d'un litre de vin par jour» qui, appliqué à la lettre, autorise un ouvrier de chantier à vider une bouteille d'un litre à jeun et de prendre ensuite le volant pour se rendre sur son échafaudage … En 1957 apparaîtra l'affiche «les parents boivent, les enfants trinquent», plus culpabilisante que pédagogique
En 1956, j'ai identifié trois mesures dont le site de l'INA conserve la trace:
- un encouragement à ce que les entreprises de dotent de distributeurs de boissons non alcoolisées (ce qui laisse à penser que la consommation d'alcool sur les lieux de travail n'était pas anecdotique);
- un règlement du Ministère de l' Education proscrivant la distribution de vin dans les cantines aux enfants âgés de moins de quatorze ans (la conception d'un vin bénéfique dès le plus jeune âge avait donc encore cours et, après quatorze ans, plus de prohibition …);
- la promulgation d'une loi permettant de mesurer le taux d'alcoolémie en cas d'accident corporel. On notera qu'avec près de 10000 morts par an en 1955, il devenait urgent de prendre quelques dispositions. Il faudra attendre 28 ans pour que cette subordination à l'existence d'une victime disparaisse. "
Dans le Loiret, les vins de l' Orléanais avaient acquis le statut de VDQS en 1951. Le nombre de déclarants et la superficie des vignes continuait à diminuer. "
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
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