Tramway

1966 A bout de course

Métro parisien en fonction de 1901 à 1983
Métro parisien en fonction de 1901 à 1983

 

"  Je crois bien qu'il me fallut aller à Naples en 1966 pour voir de près des tramways.

 

Ceux-ci étaient particulièrement surprenants car, outre le fait qu'ils étaient très âgés et qu'ils ressemblaient étrangement aux rames Sprague du métro parisien (1908-1983), des grappes de voyageurs se cramponnaient à l'extérieur, sans doute pour se dispenser ainsi de payer leur course (toute relative …).

 

Je pensais alors que ces tramways désuets constituaient une des marques du retard économique de l'Italie du Sud et qu'en France, à l'image de ce qui s'était passé dans la Manche, les tramways avaient disparu depuis longtemps, victimes de leurs médiocres performances économiques, le coup de grâce étant asséné par la forte croissance du parc automobile depuis les années cinquante.

 

Tramways de Naples des années 40 aux années 60

 

Je ne devais découvrir que beaucoup plus tard, que tel n'était pas le cas lorsque l'on recommença à créer des lignes de tramways et que j'appris alors que l'abandon de cette formule de transport était souvent récent.

 

Et même, en commençant à me documenter pour écrire cette chronique, je ne pensais pas que plus de vingt villes Françaises avaient vu évoluer des tramways durant les années cinquante et soixante. Un film de Gérard Scher sur internet nous montre en effet des images furtives de tramways évoluant dans 26 villes. Ayant préalablement constaté de nombreuses inexactitudes concernant les automobiles de cette époque, j'ai procédé à une vérification ville par ville. Trois de ces illustrations concernent plutôt des tacots (c'est le cas des «tramways de la Corrèze» déjà mentionnés en introduction). Demeurent donc 23 villes dotées de tramways dont 20 qui en sont privées entre 1952 et 1966 parmi lesquelles Bordeaux, Marseille et Nice.

Les images de ce film (dont on peut parfois authentifier la date par les voitures que l'on aperçoit en arrière-plan) nous montrent de vieux matériels très proches des ceux que l'on peut voir sur des cartes postales anciennes (au vu des habits, des timbres et des véhicules).

Quelques-uns des tramways Français en fonction années 50-60

 

Si l'on affine la recherche, on constate qu'ils sont le plus souvent victimes d'une mort lente: la fréquence de desserte diminue, des lignes ou des sections de lignes sont abandonnées petit à petit avant que la dernière ne soit à son tour remplacée par un transport en autobus.

 

La situation est ainsi décrite par Yves Chesnel dans un que sais-je? «les tentatives d'abaissement des dépenses par réduction quantitative et qualitative font entrer dans un processus aggravant: moindre qualité > moindre fréquentation > coût croissant > nouvelle diminution de la qualité > nouvelle chute de fréquentation».

 

En conséquence de ce processus, seules trois villes restaient équipées en 1966 et rien ne laissait augurer du phénoménal engouement pour des tramways d'un nouveau genre qui allait naître dès les années soixante-dix et se concrétiser à grande échelle à partir des années quatre-vingt.  "

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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