Station-service

2013 Grande distribution ?

Station reconvertie à Evrecy
Reconversion - Photo Google streetview en 2013

"Les stations-service avaient été en quelque sorte des villas dédiées au culte de l’automobile. Beaucoup d’entre elles sont devenues des ruines affligeantes qui ne font plus qu’abîmer le décor de nos routes.

Dans le meilleur scénario, elles ont été reconverties en commerces d’une autre nature. Tel a été récemment le sort de ce garage d’Evrecy créé par mon grand-père et qui avait survécu à la guerre (ce ne fut pas le cas d’une majorité de petites boutiques qui, après reconstruction, furent avant lui converties en locaux d’habitation)."

Files d'attente devant les pompes
Sainte Geneviève des Bois en 1963

"L’année 1963 a sans doute constitué le tournant qui a marqué le début d’une transformation de la distribution des carburants, année de l’ouverture du premier grand centre commercial à Sainte Geneviève des Bois.

Ici comme dans les autres supermarchés qui allaient bientôt se répandre à proximité des zones à forte densité de population, le carburant n’avait pas vocation à faire des bénéfices mais à attirer les consommateurs pour vendre les autres produits."

Une station abandonnée

...

"Les stations-service à proximité de ces centres sont les premières victimes. Elles sont suivies d’autres car aux immenses centres s’ajoutent progressivement d’autres plus modestes qui pratiquent des tarifs plus élevés que les premiers mais néanmoins suffisamment attractifs pour capter la clientèle des plus petites localités.

De 47500 points de distribution en 1975, on tombe ainsi à 12000 en 2010. Le nombre de ceux attenants aux centres commerciaux demeure minoritaire mais leur part de marché est désormais largement majoritaire (59%)."

...

"Durant les années qui viennent de s’écouler, plusieurs facteurs ont contribué au tassement du marché des carburants en France :

• Une croissance très faible d’un parc d’automobiles au rendement en croissante amélioration. A niveau de service équivalent, les voitures d’aujourd’hui consomment jusqu’à deux fois moins que celles qui circulaient en 1956 ;

• Une utilisation statistiquement moindre des véhicules en circulation du fait de la situation économique du pays, du renchérissement du prix des carburants, des limitations de vitesse et de l’adoption par certains de modes de conduites moins voraces.

 

C’est dans un tel contexte que sont décidées au plan européen des mesures de précaution écologique et sanitaire dont la justification n’est pas contestable mais dont l’application, imposée au 1 janvier 2014, est économiquement insupportable par les stations les plus modestes.

...

"En l’absence de solutions permettant à ces entreprises de franchir ce cap, les organismes représentatifs de la profession estiment que deux à trois milles fermeront. On pourrait s’en tenir à considérer que telles sont les dures lois de l’évolution et du marché. Sauf qu’une partie de ces stations sont identifiées comme « stations-clés » (on les qualifie même un peu dramatiquement de « stations ultimes ») , c’est-à-dire que leur disparition conduirait à un accroissement sensible des distances et temps de trajets imposés aux habitants pour se ravitailler … et donc notamment à un surplus de consommation énergétique assez peu conforme aux ambitions écologiques.

Je peux témoigner, comme d’autres, de l’indigence qui affecte déjà certaines parties du territoire dans ce domaine. Sur le chemin de l’Italie, ayant traversé le centre de la France en utilisant le réseau routier, j’ai connu l’angoisse de la panne sèche après des dizaines de kilomètres sans plus aucun point de ravitaillement (et pas la nuit, et pas le dimanche).

Ce sont donc des enjeux de service public d’alimentation en carburants et d’aménagement du territoire qui sont en cause.

Comme l’heure n’est pas à l’accroissement des aides publiques, je me permettrai d’apporter ma contribution en proposant d’investiguer deux pistes de résolution :

• Celle d’une redistribution des aides de l’Etat. On pourrait par exemple s’interroger sur le maintien des subventions aux débits de tabac dont les substances distribuées ne sont pas vitales (elles seraient même « contre-vitales » selon la mention imposée par l’Etat sur les emballages) alors que la mise à disposition des carburants dans des conditions raisonnables est indispensable à tous les citoyens et à la bonne santé … de l’économie.

• Celle d’une solution du type de celle déjà adoptée pour la production cinématographique qui permet de réaliser des « petits films » en bénéficiant de subsides venant des productions ayant attiré de nombreux spectateurs. En transposant au domaine ici évoqué, cela reviendrait à mettre à contribution les grandes surfaces pour lesquelles les carburants constituent un produit d’appel leur permettant de faire du chiffre d’affaires et des bénéfices sur les achats qui imposent pratiquement l’utilisation des automobiles."

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

Pour faire un commentaire, une suggestion, une critique, cliquez sur ce lien