Précarité

1996 Employabilité et précarisation

Evolutiion des types de contrats de 1982 à 2008

 

Comme le mentionne Dominique Méda dans son que sais-je consacré au travail : «de 1945 à 1975, s'instaure la norme d'emploi, celle du contrat à durée indéterminée et à temps plein», ce qui constitue un substantiel progrès par rapport à la première partie du vingtième siècle et, plus encore, par rapport au siècle précédent.

 

De son côté, Patrick Cingolani dans un autre que sais-je consacré à la précarité rappelle que «jusqu'à la fin des années soixante-dix, les expressions de travail précaire ou de précarité de l'emploi ne sont que très rarement utilisées».

La situation économique devenant plus difficile, garantir l'emploi à vie et honorer ceux qui se conformaient à cette relation de confiance entre employeur et employé n'étaient plus de mise. Les contrats à durée déterminée se multipliaient et l'indétermination de la durée d'un contrat pouvait devenir une épée de Damoclès.

3 facteurs d'employabilité (entreprise, environnement, personne)

 

Le terme d’employabilité entrait dans le vocabulaire patronal et il devenait évident que l'on pouvait dorénavant être plus ou moins employable. Cela n'avait, de mon point de vue, rien de répréhensible dans la mesure ou l'entreprise faisait le nécessaire pour maintenir, voire améliorer, l'employabilité de son personnel (par la formation notamment).

 

Mais tel n'était pas le cas dans toutes les entreprises. Pour certaines, l'employabilité pouvait passer par l'acceptation de conditions iniques. Ainsi, dans le cadre de la mondialisation des affaires, les moins responsables et les plus impudents des employeurs pouvaient-ils conditionner l'employabilité à la mutation dans un autre pays (plus pauvre bien entendu) aux conditions salariales et sociales de ce pays.

Un autre facteur de précarisation des emplois réputés stables avait pour nom externalisation. Les entreprises «se recentraient sur leur cœur de métier», se séparant par conséquent des activités «loin du cœur» et les faisant exécuter par des sous-traitants ou par des filiales n'assurant pas forcément le maintien des «avantages acquis».


Si les contrats à durée indéterminée existants était de plus en plus exposés à la précarité, les contrats à durée déterminée qui se développaient à partir de la fin des années quatre-vingt dix allaient devenir la norme (en représentant la majorité des nouveaux contrats de travail).

De plus, la durée déterminée allait pouvoir considérablement diminuer pour ne garantir un emploi que quelques heures.

Une autre forme de précarité imposée se développait avec l'accroissement de stages étudiants détournés en emplois de personnel qualifié à un tarif sans concurrence.

Il n'est donc pas surprenant que les sociétés d'intérim aient modifié leur communication en remplaçant l'attrait de la liberté par la potentialité d'un «tremplin pour l'emploi», sous-entendant ainsi, on le notera, qu'il s'agirait alors d'un emploi réel et stable.

 

On parvient ainsi à la situation pour le moins paradoxale dans laquelle des entrepreneurs (mais faut-il encore les nommer ainsi?) ne prennent plus aucun risque, opèrent au jour le jour sans vue prospective tandis que des salariés, sous couvert de «contrats de projets» ou de «contrats d'activité», s'enferrent dans la précarité qui leur est imposée et assument en fait les risques que ces employeurs ne prennent plus. "

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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