Baby-boomer
Précarité
1976 Précarité choisie
"J'ai été embauché cinq ans auparavant dans la quatrième entreprise de mon parcours professionnel (quatrième et dernière). "
...
"En 1976, j'étais en charge d'un petit projet informatique. Pour compléter mon équipe de trois personnes, on avait fait appel à trois sous-traitants.
Ceux-ci, tous âgés d'une trentaine d'années avaient délibérément choisi un statut précaire pour acquérir une expérience professionnelle variée dans des contextes différents... en vue, peut-être, de sortir de cette précarité plus tard avec un curriculum vitae démontrant leur capacité d'adaptation. Comme les compagnons maçons, ils faisaient en quelque sorte leur Tour de France.
Je me souviens particulièrement de l'un d'entre eux, Serge, un polytechnicien de la cuvée 1970 qui n'aurait sans doute pas affronté de difficultés à obtenir un emploi stable si tel avait été son choix.
Ce travail temporaire-là, choisi, s'inscrit dans la thématique des agences d'intérim à cette époque : «liberté des travailleurs dans l'organisation de leur temps», thématique citée par Pierre Cacialdi et qu'expriment d'ailleurs les collaborateurs eux-mêmes, ainsi de cette secrétaire dans un reportage réalisé en 1963: «n'ayant pas d'attache sur le plan conjugal, je n'en ai pas non plus sur le plan professionnel».
D'autres, à l'instar de moi, avaient fait un autre choix,
celui qui correspondait à la politique de personnel de la compagnie qui m'employait. L'attachement à l'entreprise se traduisait ici de plusieurs façons :
- dans les enquêtes d'opinion périodiquement réalisées, une des questions était approximativement formulée ainsi: «êtes-vous satisfait de savoir que vous pourrez travailler dans la compagnie aussi longtemps que vous le souhaitez?»;
- ceux qui poursuivaient ainsi leur carrière (une majorité) étaient honorés en accédant au «club des 25 ans», distinction accompagnée d'avantages tangibles et qui bénéficiait d'une publicité sous la forme d'un diplôme sous-verre visé d'un grand directeur, sous-verre à poser bien en vue sur son bureau.
Plus tard, dans cette entreprise comme dans beaucoup d'autres valorisant une fidélité réciproque, les choses changeraient ... "
Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer
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