Progrès technique

1954 Postes, télégraphes et téléphones

Calendrier des PTT 1954

 

"Pour communiquer rapidement une information à une personne éloignée, on pense immédiatement au téléphone. Sauf que cela implique que les deux interlocuteurs soient équipés d'un poste téléphonique, ce qui est loin d'être courant en 1954 en France. Dans mon entourage immédiat, peu en sont dotés.

Plaque émaillée "cabine téléphonique"

 

Si la personne à laquelle on veut s'adresser est équipée, on a recours aux cabines téléphoniques de la poste ou à celles installées dans des commerces. Bien entendu aux heures d'ouverture (la première cabine sur un lieu public – donc accessible à toute heure - sera inaugurée par le ministre des PTT le 4 octobre 1955).

Dans les années cinquante, le premier obstacle à surmonter pour accéder à la modernité du téléphone à domicile réside dans l'obtention d'une ligne, les centraux étant saturés et l'automatisme encore peu répandu en province.

Téléphone à cadran aveugle

Cela allait durer longtemps. A titre d'illustration, nous installant en 1973 (18 ans plus tard ...) dans un village à 21 kilomètres d'Orléans - 112 de Paris, pas vraiment la France profonde – nous étions gratifié d'un numéro à deux chiffres suivi du nom de la commune et d'un cadran de téléphone à demi-tour pour commander les numéros au standard.

 

Alors, dans des circonstances importantes, souvent les plus dramatiques, il n'y avait d'autre solution que de recourir au télégraphe (le deuxième T de PTT selon l'ordre chronologique).

Télégramme

Aux heures d'ouverture du bureau, la demoiselle de la poste prenait en note le texte (en style télégraphique c'est-à dire à mots comptés) et transmettait instantanément le message au bureau de poste le plus proche du destinataire. 

Là, le texte était édité sur un imprimé standard et remis à un «petit télégraphiste», à charge pour lui de l'acheminer prestement au domicile de l'intéressé.

 

Un sketch du début des années cinquante met aux prises Simone Signoret dans le rôle d'une «demoiselle de la poste» traduisant en style télégraphique le message amoureux de l'usager Yves Montand, ce qui illustre le caractère courant de la situation.

Croquis d'un petit télégraphiste

Explication des termes utilisés. De même que l'on dénommait «demoiselles du téléphone» les femmes œuvrant dans les standards car il n'y avait là pas d'homme (critère de sélection ou état de fait ?), les postes de «petits télégraphistes», qui n'avaient du reste besoin d'aucune connaissance en transmissions, étaient exclusivement des hommes jeunes et alertes (de vieilles photographies montrent même de jeunes garçons). L'expression «petit télégraphiste» est restée dans le domaine de la politique mais est désormais utilisée pour qualifier une personne inconsistante se contentant de répéter une leçon apprise, un fantoche.

 

Dévalorisé par l'explosion de l'usage généralisé du téléphone à partir des années soixante-dix et par celui des messages instantanés sous internet à partir des années deux milles, le télégramme survit surtout pour répondre à un besoin de preuve juridique, Orange jouant le rôle du tiers témoin."

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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