Plaisance

1962 Les travailleurs de la mer

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"En cette année 1962, doté du vélosolex tout neuf que mes parents m’ont offert, j’entreprends ma propre croisière en solitaire, un tour de la Bretagne avec comme port d’attache le Calvados.

Longeant le plus souvent les côtes, mon périple me conduit à Concarneau ..."

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"Aux repas et à la veillée, on évoque fréquemment les îles des Glénans, ces îles situées à une quinzaine de kilomètres de Concarneau, où se retrouvent dans un cadre spartiate de jeunes sportifs épris de navigation à voile, qui s’initient à bord de frêles embarcations : des « vauriens » et des « caravelles »."

"Le long de ces côtes bretonnes, des Côtes du Nord au Morbihan, où les femmes (mûres, voire âgées il est vrai) en coiffes traditionnelles ne font pas figure de curiosités touristiques, les travailleurs de la mer conservent, dans mon souvenir, une présence dominante que ce soit dans les ports ou dans leurs prolongements, criées et conserveries.

Cela confère à ces côtes une allure plus industrieuse que « de plaisance ». "

Chrysler décapotable à laquelle est attelé un canot moteur Rocca
Miniature de Norev

 

Cependant, la plaisance se développe

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"La maîtrise des matières plastiques qui, se substituant au bois, permet d’abaisser les prix, contribue certainement à cet accroissement sans que l’on puisse pour autant évoquer une démocratisation à l’image de celle qui s’est opérée dans le domaine de l’automobile.

Dans ma collection de voitures miniatures figure certes un canot à moteur mais celui-ci est arrimé sur une remorque tractée par une grosse voiture américaine. Le père de mon meilleur camarade de lycée, un médecin, a fait lui aussi l’acquisition d’un bateau pour faire des ronds dans l’eau à Houlgate où la famille dispose d’un appartement de vacances. Voitures de luxe, professions libérales … le nautisme ne concerne qu’une petite frange de la population dont on peut penser qu’elle voit là plus un « signe extérieur de richesse » qu’un mode de découverte des mers.

C’est l’impression qui émane des articles que la revue du Touring Club de France consacre au nautisme. Alors que la marine de labeur demeure exclusivement une affaire d’hommes (au reste, il n’existe pas de féminin de pêcheur alors que la pécheresse est bien identifiée …), la femme se voit accorder une place dans la marine de loisir. A l’image de la place qui lui est dévolue à cette époque dans d’autres domaines, elle est modeste.

Sans doute ne peut-on la considérer comme une cliente potentielle, la femme mariée n’ayant pas encore le droit d’ouvrir un compte, du moins ne doit-elle pas constituer un obstacle à l’achat … Ainsi, un article rédigé par une femme intitulé « Madame et son bateau » définit-il les limites de sa participation aux affaires maritimes : « en route, la passagère ne doit jamais gêner la manœuvre du bateau par la place qu’elle occupe et qu’elle doit modifier à la demande du pilote » .

 

Cette place mesurée constitue néanmoins un progrès considérable car, comme l’écrit France Guillain : « Pendant des siècles, les marins ont banni les femmes de la mer. Parler de femmes à bord, transporter une femme sur un voilier, c’était attirer tempêtes et fureur du ciel et de la mer. On les appelait « le lot du diable » ». "

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"En 1962, le temps n’est pas encore aux « travailleuses de la mer », pas plus dans le domaine de la pêche que dans celui des grandes courses. En ce mois de juillet, Isabelle Autissier et Florence Arthaud sont des gamines en bas âge ; Catherine Chabaud naîtra en novembre …"

 

 

Invitation à une visite des ports français

de Honfleur à Ciboure et de Valras plage à Monte-Carlo

(des années 50 aux années 80)

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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