"L'usine de Levallois-Perret, vouée à la démolition, a produit ses dernières 2CV en 1988, laquelle production s'est poursuivie au Portugal.

Le film tourné en 1990 par un groupe de presse Portugais qui montre la production des 2CV Citroën à Mangualde, dans une région agricole au centre du pays, est particulièrement surprenant.

Sur une musique qui s'apparente à celle qu'avait créée Claude Bolling dans les années soixante-dix pour la série télévisée «les brigades du Tigre», des ouvriers procèdent au montage de 2CV selon un mode contemporain de la création de ces brigades en 1907, c'est-à-dire avant que Ford n'ait introduit le travail à la chaîne.

Fabrication des dernières 2CV au Portugal en 1990, 10 minutes

Arrêts sur images de ce film

Les ouvriers manipulent des pièces plus ou moins lourdes, soudent les éléments de carrosserie. Des composants sont apportés sur un chariot poussé à la force des bras, chariot assez voisin de ceux des marchandes de quatre saisons de mon enfance. Un peintre utilise un pistolet sans masque, un autre joue du pinceau. Un employé découpe une pièce de tissu penché à genoux sur le plan de travail … On n'identifie aucun robot si petit soit-il et le degré le plus avancé d'un embryon de chaîne est constitué d'un rail auquel est suspendue une coque de voiture, la progression étant assurée au sol par un ouvrier muni d'une perche ...

Certains commentaires laissés par des visiteurs Français sur internet me laissent également pantois. On y évoque «la bonne époque» comme si ces images représentaient fidèlement les modes de fabrication couramment utilisés en France.

1909 peut-être, pas 1990.

Bien sûr, cette «bonne époque» s'oppose à la mauvaise d'aujourd'hui, celle ou «on court comme des malades». C'est ne pas voir les conditions de travail (les vapeurs de peinture, les postures improbables, la manutention de charges lourdes…). C'est ne pas comprendre que cette manière de produire ne pouvait économiquement être envisagée que dans un pays où le coût de la main d’œuvre était alors nettement plus bas qu'en France.

Et cette «bonne époque» permettait-elle au moins d'acquérir des bonnes voitures à des prix raisonnables et d'une qualité acceptable? Les réponses nous sont données sur un autre site consacré à l'automobile ancienne:

• «en 1989, la 2CV Charleston est toujours commercialisée mais son prix équivaut à une Citroën AX ou d'une Renault Supercinq, toutes deux bien mieux équipées»,

• en 1989 toujours, «85 2CV sortent de l'usine de Mangualde par jour mais la qualité n'est plus au rendez-vous, l'acier est mal traité et la rouille fait une apparition précoce sur les dernières 2CV».

Appréciations concernant les 2CV construites au Portugal, texte et illustrations accompagnés d'un autre film sur la fabrication de 6 minutes, 1990

Ce retour vers le passé lointain de l'avant-chaîne ne dure guère: le 30 mars 1990, Citroën annonce la cessation de production de la 2CV au cours de l'été à venir."

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Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

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