Mariage

2016 Pour tous ... et pour moins

" Durant la quarantaine d'années qui viennent de s'écouler, le mariage a continué d'évoluer par étapes successives à un point tel que l'on devrait plutôt évoquer une révolution lente (mais pas tant que cela en considération de la stagnation des décennies précédentes).

Le mariage qui était depuis des siècles (et encore dans les années soixante) le geste créateur d'une famille apparaît désormais comme la fin d'un long processus de «validation» et comme l'officialisation d'une situation de fait. La cohabitation préalable est devenue la norme et la survenance du premier enfant n'est même plus à l'origine du mariage.

Les lois du 3 décembre 2001 et du 4 mars 2002 en ont tenu compte en abolissant les dispositions discriminatoires à l'encontre des enfants «naturels» (et adultérins).

 

En conséquence, on se marie de plus en plus tard»

  • l'âge moyen du premier mariage qui était selon l'INSEE de 24,7 ans pour les hommes et 22,6 ans pour les femmes en 1970 atteignait en 2013 32,3 ans et 30,5 ans (moyenne encore plus élevée atteignant 38 et 35 ans dans le cas de mariages homosexuels),

mais aussi de moins en moins:

  • 417 000 mariages en 1972 (point maximal) et 260 000 en 2008, ce nombre devant toutefois être pondéré par la prise en considération des 136 570 PACS hétérosexuels (représentant 94% du total).

La reconnaissance de couples homosexuels était tout à fait inimaginable au début de mon existence. Dans un «que sais-je?» consacré au mariage et au divorce publié en 1988, on pouvait encore lire ceci: «… quant aux unions homosexuelles, elles ne sont pas admises comme mariages malgré les efforts de quelques marginaux pour les faire reconnaître comme tels» et «le concubinage, «pâle copie du mariage», ne peut unir que des personnes de sexe opposé».  Le PACS en 1999 et le «mariage pour tous» en 2013 ont changé la donne.

Autre modification d'importance, la baisse accélérée des mariages religieux selon le site internet de l'Eglise catholique :

  • 122 580 en 2000,

  • 70 369 en 2012 soit moins de 3 sur 10

alors qu'en 1970, 9 mariages civils sur 10 étaient suivis d'une cérémonie religieuse. "

...

 

" Les fiançailles qui constituaient hier un préalable quasi-obligé semblent dans ce contexte n'être plus guère pratiquées. L'absence d'informations quantifiées à ce sujet pourrait bien être un signe de leur quasi-extinction (?).

 

Néanmoins, sur un site commercial de «rencontre entre chrétiens», on trouve un volet consacré à des recommandations pour des fiançailles qui ne dépareillent pas avec celles des grands-parents des postulants, voire de leurs arrière grand-parents:

 

  • le repas de fiançailles «marque la rencontre des familles»,

  • il est l'occasion d'un échange de bagues,

  • «l'engagement des fiancés ne légitime pas, aux yeux de Dieu, des relations sexuelles avant le mariage» (il convient d'«attendre malgré la force du désir»).

 

Combien de ceux qui se marient aujourd'hui la trentaine passée se conforment à cette dernière stipulation ?

"Bénédiction laïque" par une officiante
"Bénédiction laïque" par une officiante

Si les cérémonies religieuses sont en régression, les mariages de ces partenaires que l'on ne saurait qualifier de juvéniles sont susceptibles de donner lieu à des cérémonies plus ou moins festives.

Cela peut se limiter à une «bénédiction laïque» par un «officiant» (bonne nouvelle pour l'emploi: un nouveau métier) ou se prolonger par une festivité plus ou moins somptueuse dont les mariés sont les «stars» (le mot anglais s'impose puisque l'on a recours pour ce faire à un «wedding planner», rien à voir avec le tenancier d'un quelconque négoce de noces et banquets …).

Difficile de savoir quelle proportion de ceux qui convolent se prêtent à ces spectacles sur mesures quelque peu nombrilistes mais, à en juger par le nombre de «providers» et, même, par l'existence d'un site de comparaison entre les «top providers», il semble bien que le marché soit en plein essor («good news» pour l'économie). "

 

Chronique publiée en octobre 2016

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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