Habits

1994 L'habit fait l'ouaille

"Alors qu’une variété grandissante règne dans le domaine de l’habillement, lequel a perdu une bonne part de ses signes distinctifs et ne semble désormais plus voué qu’aux fonctions qui le justifient vraiment (la décence et la protection contre les environnements dangereux et les intempéries), un débat très vif surgit en 1994 qui concerne le port du voile islamique et, plus particulièrement, de son port dans l’enceinte des établissements scolaires."

"Les signes religieux portés par des croyants ne constituent certes pas une nouveauté. Le port d’une croix en pendentif n’est pas rare et, au sein de l’environnement international dans lequel j’exerce mon activité, je côtoie notamment des Juifs portant la kipa et des Hindous le turban. Le port du voile, qui s’est estompé en France du fait que les chapeaux en général ne sont plus guère à la mode, était cependant courant dans les années cinquante. Des célébrités comme Audrey Hepburn, Grace Kelly ou Jacquie Kennedy faisaient du foulard noué autour de la tête un attribut de leur élégance. La voilette masquait même les traits des femmes en deuil."

...

" Le débat porte donc plus sur le caractère que l’on qualifie d’ostentatoire du couvre-chef incriminé et sur la compatibilité de ce qu’il est supposé représenter avec le respect de la laïcité, grand acquis de la République. La résurgence d'un tel débat marque aussi le signe d’un retour à des formes d’interdits et d’obligations vestimentaires que l’on croyait dépassées.

 

Concernant la dimension scolaire du problème, le sujet est tranché par le Ministre de l’Education, François Bayrou, qui, avec un assentiment très largement majoritaire prohibe l’accessoire vestimentaire au sein des écoles."

Isabelle Adjani la journée de la jupe

 

" Pour autant, la crainte d’un retour à un ostracisme basé sur les apparences sera confortée un peu plus tard avec une inversion spectaculaire d’un code vestimentaire dans certaines parties du territoire national : le pantalon, considéré jusque dans les années soixante-dix comme quasiment indécent par une partie de la population devient un gage d’orthodoxie vestimentaire pour une autre partie de cette population à moins d’un demi-siècle de distance.

 

Celles qui portent la jupe peuvent désormais être regardées comme des dévergondées, voire pire, et s’exposer à des mesures de rétorsion, voire pire. Cette ahurissante réprobation fera en 2009 l’objet d’un film remarquablement interprété par Isabelle Adjani."

...

 

Dans l'abécédaire, j'aborde également l'entichement qui gagne certaines entreprises à la fin des années 90 pour une mode venant d'outre Atlantique, le "friday wear", tenue décontractée mais toutefois d'un relachement mesuré et que l'on est prié d'arborer exclusivement le vendredi.

J'y évoque aussi l'évolution du secteur de l'habillement. 


Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

Pour faire un commentaire, une suggestion, une critique, cliquez sur ce lien