Franchises

1970 La presse a ses maisons

Chargement de journaux dans un fourgon

"   En 1970, embauché aux Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP), le premier mois est consacré à une visite assez approfondie des différents services et de leurs responsables. Je n'ai hélas pas conservé le rapport de ce stage d'immersion et doit donc me cantonner à essayer d'exhumer des souvenirs, avec les risques associés à cet exercice à près d'un demi-siècle de distance.

Les NMPP (devenus depuis lors Presstalys) ont en charge la distribution de la presse depuis Paris. La mission va de la planification des expéditions (en fonction des événements, du temps qu'il va faire ...) à la gestion des retours d'invendus.

Le responsable du service des maisons de la presse se présente à nous comme étant à l'origine de ce concept qui n'est pas explicitement dans la mission de base de gestion des flux d'imprimés. Il affirme que son objectif réside dans la promotion des ventes de la presse par la mise en place de lieux accueillants et dont la presse (pas seulement les journaux) soit l'objet principal.

 

Papeterie-Journaux à Paris en 1942
Papeterie-Journaux à Paris en 1942

De fait, dans mon enfance, la presse était souvent diffusée dans des commerces dont l'objet principal était différent (tabacs, mercerie, papeterie, épicerie …) et sa présentation n'était pas particulièrement valorisante. J'ai ainsi évoqué dans une chronique précédente ces casiers de bois dans lesquels les journaux, consciencieusement pliés par le commerçant, disparaissaient totalement de la vue des acheteurs potentiels.

 

L'idée directrice consistait donc à proposer des aménagements standardisés (présentoirs, étagères …) présentant de manière attrayante les titres à la vente sous une enseigne unique au plan national (les maisons de la presse).

 

La motivation de base était donc voisine de celle des laines Pingouin cherchant à assurer la meilleure présentation possible des produits commercialisés (les pelotes) et à leur fournir une notoriété au plan national.

 

S'agissait-il uniquement de l'initiative d'un manageur dynamique ou d'une réponse à un besoin exprimé plus ou moins explicitement par le Syndicat national des dépositaires de presse (SNDP)?

Aucun livre ou article ne permet de préciser l'origine de la création de ce réseau ni la raison qui avait conduit à reprendre cette appellation de Maison de la Presse quelque peu dépréciée puisqu'elle avait été utilisée en 1941 pour qualifier le rassemblement à Lyon de journalistes sous la houlette vigilante du secrétaire d’État à l'Information René Marion.

Compte tenu, d'une part, de l'âge du responsable du service (la cinquantaine) et des dépôts de journaux «à l'ancienne» que j'avais connus dans ma tendre enfance au début des années 50 et, d'autre part, de la trace d'une maison de la presse en 1964 sur un reportage consacré aux commerces de Dreux, je pouvais déduire que la création du réseau remontait à la fin des années 50 ou au début des années 60.

Une maison de la presse dans la grande rue à Dreux en 1964, Archives CICLIC, 40 secondes

 

Par ailleurs, son implantation nationale était confirmée en 1970 par la création d'un prix (littéraire) des maisons de la presse (qui subsiste aujourd'hui sous l'appellation Prix Maison de la Presse).

 

Le temps qui passe à Saint Gaultier
Le temps qui passe à Saint Gaultier

Quelles qu'aient été alors les conditions contractuelles et financières, elles préfiguraient bien la «franchisation» qui interviendrait plus tard, en 1990, en faisant d'ores et déjà le choix d'une forme de banalisation optimisée des commerces au détriment d'une possible singularité liée à la personnalité du commerçant, au lieu d'implantation du commerce, à l'histoire locale ....  "

 

Les NAP reprennent les maisons de la presse à Presstalis, Les Echos, texte, 26 01 2015

 

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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