Feux de voitures

1949 Auto-naufrageurs

Naufrageur ayant allumé un feu sur la côte et bateau à voiles en perdition

" Les naufrageurs allumaient des feux ou des lanternes sur les côtes pour tromper les marins et piller les épaves des bateaux échoués.

Le point commun avec les automobilistes de l'immédiat après-guerre réside dans l'origine lumineuse des catastrophes. En 1949, l'objectif essentiel – quasi-exclusif - des feux de voitures consiste à éclairer la route de manière à continuer de circuler de nuit.

Les différences tiennent au fait que, d'une part, ce sont ces feux de voitures, plus encore leur insuffisance, qui provoquent les naufrages et que, d'autre part, victimes et naufrageurs se confondent.

Prototype 2CV en 1939

Je n'ai pas souvenir de véhicules équipés d'un phare unique mais cela eut été vraisemblable puisque cette formule avait été retenue pour le prototype de 2CV Citroën qui devait être présenté au salon de l'automobile de 1939.

Le modèle présenté au salon de 1949 est équipé de deux phares mais ceux-ci sont soumis à d'amples variations d'angles du fait d'une suspension qui fait alternativement plonger et relever le nez en fonction de la charge transportée. Le constructeur a bien prévu une manette de réglage sous le tableau de bord mais son utilisation est tributaire de la bonne volonté et de la persévérance du conducteur.

2CV Citroën modérément chargée
Avec 4 occupants l'arrière est déjà bien affaissé ...
Titre de l'Automobile sur suspension et éblouissement

 

Si la 2CV est particulièrement sujette à ces variations, les voitures de cette époque sont dans l'ensemble très sensibles aux charges transportées et ces charges sont également souvent trop importantes du fait de la cherté des équipages, laquelle a pour conséquence un fréquent sous-dimensionnement (les porte-bagages et les remorques bagagères font florès). En 1953, la revue «L'automobile» consacrera ainsi un dossier sur les risques d'éblouissement liés aux suspensions des différents modèles.

 

Peugeot 202

Peugeot a repris la production de sa 202, un modèle réduit des 402 et 302 d'avant-guerre qui partage avec elles le regroupement des deux phares côte-à-côte au beau milieu de la calandre. Une solution qui évidemment ne rend pas compte de la largeur du véhicule. Avec quelque éblouissement, on peut alors s'attendre à croiser un deux roues …

Renault Frégate 3/4 arrière

La situation à l'arrière du véhicule est encore plus périlleuse. Sur la 2CV de 1949, la présence de nuit est identifiable par un cataphote (modèle vélo) monté sur une lame de métal à gauche et par un petit lumignon rouge éclairant la plaque d'immatriculation en son milieu. Les voitures plus huppées conçues dans cette période ne sont guère mieux dotées. Ainsi, la Frégate Renault qui sera présentée en 1951 se pare-t'elle d'élégants feux … de la taille de briquets.

 

Pas d'obligation non plus de feux stop et d'indicateurs de direction. On y reviendra.

 

Les chocs sont aggravés par une conception des véhicules qui ne prévoit pas l'accident, pourtant si fréquent on l'a vu. C'est le cas de la 2CV qui a l'excuse d'être simplifiée pour demeurer un tant soit peu populaire mais c'est aussi le cas de véhicules beaucoup plus chers qui privilégient l'esthétique, facteur déterminant de l'achat, on l'a vu également.

Autre facteur d'aggravation: l'absence de limitations de vitesses sur les routes alors-même que les écarts de performances sont considérables. La 2CV présentée en 1949 est dotée d'un moteur de 375 cm3 développant 9 chevaux et culminant à 60 km/h sur terrain plat non venté alors que les voitures les plus bourgeoises (la Ford Vedette et la Citroën 15/6) atteignent 130 km/h, les belles -et massives- américaines des soldats de l'OTAN bien plus encore. "

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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