Edicule

1970 Informations sous la toile

Un barnum parisien

"Aujourd'hui (en 2014), on va souvent chercher des informations sur la toile. En 1970, il arrivait que l'on aille les chercher sous la toile, celle d'un barnum, l'un de ces minuscules édicules dédiés à la vente des journaux du soir.

Je dispose sur les barnums parisiens d'une documentation personnelle car il se trouve que, en 1970, récemment embauché aux Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne, place de la Bourse, j'avais choisi comme sujet d'un mémoire de deuxième cycle d'ergonomie le poste de travail du barnum qui était précisément implanté au pied de la Bourse, à l'entrée de la bouche de métro."

Cycliste livreur de journaux

"Il y avait encore 289 barnums à Paris mais leur nombre avait chuté de 40% durant les quinze années qui venaient de s'écouler.

Créés à la Libération pour accueillir les crieurs de journaux ambulants qui souhaitaient se sédentariser, ils étaient approvisionnés par des cyclistes lourdement lestés des piles délivrées par les imprimeries.

Pour les titres du soir, la noria commençait à mi-journée et pouvait se poursuivre jusqu'à la toute fin de l'après-midi. Il arrivait que France-Soir fasse paraître jusqu'à sept éditions quand l'actualité le justifiait."

"France-Soir tirait encore à environ 700 000 exemplaires (il dépassait encore le million dix ans auparavant). Le Monde avait connu une évolution inverse doublant son tirage pour atteindre de l'ordre de 400 000 exemplaires.

A ces deux grands titres nationaux s'ajoutait un quotidien «local», Le Nouveau Journal, journal économique né trois ans auparavant qui publiait les cours de clôture de la Bourse.

Vendus respectivement 50 centimes, 70 centimes et 1 franc, ces trois titres constituaient l'essentiel des ventes du barnum de la Bourse, le reste, très marginal, étant constitué par La Croix, Paris-Turf et quelques publications sportives."

Le barnum de la Bourse en 1970
Le barnum de la Bourse en 1970

"Le barnum n'avait rien d'un havre confortable. La Préfecture de Police limitait leur surface au sol à un mètre carré et ils devaient selon la règle être démontés chaque jour. Ces règles étaient en fait appliquées avec souplesse: le barnum de la Bourse était même fait de panneaux d'isorel solidaires et occupait un carré de 1,20m de côté."

...

"Déjà,en 1970, le métier dépérissait au rythme de la disparition des titres. Paris-presse-l’intransigeant, résultat de la fusion de deux journaux hier prestigieux, venait ainsi d'être absorbé par France-Soir.

Les ventes de celui qui avait été longtemps le plus grand quotidien allaient connaître une chute vertigineuse entraînant la disparition du titre en 2011. Le Nouveau Journal devait être absorbé par la Tribune en 1985 et perdre ainsi sa parution du soir, La Tribune s'éteignant à son tour en 2012. Quant à La Croix, il devenait un quotidien du matin en 1999."

Kiosque de la Bourse en 2011 : cartes postales, souvenirs, boissons fraiches ...
Kiosque de la Bourse en 2011 : cartes postales, souvenirs, boissons fraiches ...

"Reste aujourd'hui Le Monde, dont les ventes ont également subi une érosion, et les titres sportifs et hippiques guère prisés par la population du lieu.

Le barnum de la Bourse a disparu. Au milieu de la place de la Bourse subsiste un grand kiosque qui, comme l'unique kiosque d'Orléans (il y en avait encore au moins trois il y a trente ans) doit proposer bien autre chose que la presse pour subsister (boissons, souvenirs, sandwichs …)."

 

Autre barnum disparu à l'angle de l'avenue des Gobelins et du boulevard Saint Marcel - Carte postale 1955 et image streetview 2014

On notera la disparition des arbres au profit d'un "mobilier urbain" essentiellement à destination des automobilistes

Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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