Duettistes

1965 L'apogée des couples

"Après la guerre, on chante souvent à deux, voire à plus. Les anciens se souviennent de Varel et Bailly, de Marc et André et de bien d'autres.

Les groupes sont également florissants: Compagnons de la Chanson, Frères Jacques, Quatre Barbus. Ces tandems et ces groupes, chanteurs mais aussi souvent acteurs, sont exclusivement masculins. Une unique femme apparaît avec les Trois Ménestrels.

Le temps de ces groupes est désormais compté. Au théatre Mouffetard ou les Quatre Barbus donnent leur récital et ou je m'initie en amateur à l'art dramatique, un soir de 1964 ou 1965, Bill, l'animateur du lieu, se présente à notre cours pour nous demander de venir remplir la petite salle, sinon, le spectacle sera annulé faute de public. En 1969, les Quatre Barbus dissoudront leur formation."

Pochette de disque Rocca et Grello

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"Venons-en maintenant aux fantaisistes se produisant en couples. Ceux que je connaissais se nommaient,entre autres, Pierre Dac et Francis Blanche, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault. Robert Rocca et Jacques Grello étaient des chansonniers que j'entendais à la radio (le grenier de Montmartre) avant de les voir à la télévision (la boîte à sel à partir de la fin des années cinquante).

Tous appartenaient à la catégorie que je qualifierai de «comiques populaires»

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..."ils se voulaient accessibles par un vaste public. Cependant, à visionner leurs enregistrements une cinquantaine d'années plus tard, un point me frappe: l'absence de toute vulgarité ..."

"Je classerai dans la seconde catégorie les innovateurs."

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"Au nombre de ceux-là, Poiret et Serrault, inventant des situations loufoques et rocambolesques, Darras et Noiret compôsant les rôles de Louis XIV et de Racine pour se gausser de De Gaulle et de Malraux, les Frères Ennemis s'engageant dans des joutes verbales à toute allure avec un sens de l'absurde rappelant celui des Marx Brothers."

"Des tandems moins brillants, il en existait aussi. J'avais ainsi eu l'occasion, toujours au théâtre Mouffetard, mon unique référence dans ce domaine, de voir les duettistes chanteurs et fantaisistes Dupont et Pondu. Ils ne m'avaient pas laissé une impression impérissable mais je me souvenais de leur utilisation rapidement lassante de «gimmicks» comme «pas vrai, Pondu?».

J'ai recherché sur internet leurs enregistrements sans trop y croire (je ne dirai pas sans trop l'espérer) et, alors que je ne parvenais pas à trouver quoi que ce soit sur Darras et Noiret incarnant Racine et Louis XIV, j'ai eu la surprise de voir leurs noms associés à une émission de variétés du populaire Guy Lux. Ils y interprétaient dans un registre boy-scout affligeant et sur une musique claironnante la chanson «les belles étrangères», illustration s'il en est que les cabarets jouaient un rôle efficace de filtre."

"En cette année 1965, Guy Bedos s'associait à Sophie Daumier pour croquer des couples croquignolets. Humour mais humour acide et révélateur implacable de nos petitesses … ou de celles que l'on croit réservées à d'autres. Réécoutons le sketch «l'adagio» pour nous en convaincre.

J'oserai dire que l'on atteint alors un sommet du genre. Sans doute d'autres artistes mériteront ensuite notre intérêt … ou notre indulgence. Pour autant, dans les couples d'aujourd'hui, quel recours laborieux à des tics de langages maintes fois rabâchés, que de dialogues scabreux et, pour les plus jeunes, que de lamentables blagues de potaches."

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"Force est d'admettre que le music-hall, comme le théâtre ou la littérature, connaissent ainsi des périodes fastes et que les « trente glorieuses » en furent une dans ce domaine."

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"Réjouissons-nous par conséquent de ne pas encore être revenus au temps des pétomanes."

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Textes entre guillemets extraits de l'Abécédaire d'un baby-boomer

 

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